Partager la publication "“On mange 100 % bio… au prix du non-bio” : comment 20 familles ont créé leur groupement d’achat"
Elles arrivent dans quinze jours. Lait, farine, légumes, épices, légumineuses, viande, pain, miel, sucre, bière, tisanes, riz, savons, huiles essentielles… Chaque membre du groupement d’achat est responsable d’un ou plusieurs produits, gère les commandes et l’approvisionnement. Près d’une trentaine de produits alimentaires et domestiques au total, consignés dans le catalogue rouge posé sous la table basse.
Intérêt économique sans conteste
Par exemple pour les légumes ils s’approvisionnent chez une maraîchère bio du village qui plante des rangs de pommes de terre supplémentaires en fonction des besoins du groupement. “On lui demande 40 kilos par famille, raconte Claire, et si on vient les ramasser nous mêmes c’est 1 euro 50 le kilo! “
Cette maraîchère, le groupement a la fierté de l’avoir aidée à démarrer son activité. Françoise, responsable lait et fromage de chèvres annonce ce soir-là que leur producteur, grâce aux sollicitations des groupements d’achat du secteur, peut désormais dégager un salaire et demi, prendre un week-end de repos par mois et trois semaines de vacances par an. Sourire sur les lèvres. “On se sent utiles” . Le groupement fait également venir des produits d’ailleurs, comme les fromages du Jura ou les agrumes du sud de l’Espagne. Auquel cas ils profitent de réseaux d’acheminement déjà existants “pour éviter des trajets supplémentaires et rester cohérents”, souligne Claire.
Si l’intérêt économique est sans conteste pour les petits producteurs soucieux de proposer une alimentation de qualité, il l’est aussi pour les membres du groupement. Personne n’a jamais comptabilisé précisément les dépenses évitées grâce à leur mode d’approvisionnement, mais il est évident qu’à acheter du riz ou du sucre par sacs de 25 kilos, du fromage par roues entières, ou des oranges à coups de 24 caisses de 15 kilos, les réductions appliquées allègent le prix du panier.
Pour donner l’exemple des lentilles vertes : dans la ferme de légumineuses où ils s’approvisionnent, elles sont vendues en direct 3,40 euros le kilo mais ne coûtent plus que 2,90 euros si on en achète 25 kilos. Et dans une enseigne de produits biologiques, ce même kilo de lentilles reviendra à 3,90 euros.
“On a des oranges à moins de 2 euros le kilo, du comté à 14 euros le kilo, de la viande Salers à 11,80 euros le kilo, détaille Martine, Autrement dit on arrive à se procurer une alimentation bio au prix de produits qui ne le sont pas.” Si elle compare avec les prix de produits équivalents dans des magasins bio, Claire économise chaque année “entre 250 et 300 euros”. Son foyer compte deux adultes et deux enfants.
Un joyeux souk organisé
Le groupement n’a jamais voulu se convertir en association afin de garder son côté informel et convivial. Il n’a même pas vraiment de nom même si parfois sur les documents internes il utilise l’identité gr’HA. Il s’est tout de même doté d’une charte, signée par ses membres, afin de poser noir sur blanc ses objectifs, les modalités d’échanges et les principes de fonctionnement.
Parmi ces derniers il est spécifié que le nombre de foyers ou familles est plafonné à 20. “Ça serait difficile d’accueillir plus de monde dans les maisons. Et financièrement ça serait compliqué. Parfois chacun donne un chèque avant une commande, d’autres fois il faut avancer l’argent, ça peut monter jusqu’à 800 euros. Ca ne serait pas gérable à plus”, assure Gisèle. Contraints de refuser de nouveaux membres, ils aident aujourd’hui les personnes intéressées à créer leur propre groupement d’achat.
Hélène Bannier.
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