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Ouragan : un simulateur pour étudier les phénomènes les plus extrêmes va voir le jour

Le dérèglement climatique provoque une intensification des phénomènes météorologiques extrêmes. Pour anticiper les conséquences dramatiques des ouragans les plus puissants, un nouveau simulateur est en cours de conception en Floride.

Le 09/06/2022 par Joséphine Maunier
Ouragan Floride
Un ouragan frappe Key West en Floride, une zone avec une forte activité cyclonique. Photo : Pixabay
Un ouragan frappe Key West en Floride, une zone avec une forte activité cyclonique. Photo : Pixabay

Des vents soufflants à plus de 300 kilomètres/heure et une déferlante de vagues de plus de six mètres de haut. Voilà l’image terrifiante que pourra reproduire en laboratoire le nouveau simulateur d’ouragan en cours de conception en Floride. Objectif : anticiper l’intensification des phénomènes météorologiques extrêmes en recréant les ravages causés par les ouragans les plus violents. Comme les effets dévastateurs de l’ouragan Irma en 2017 dans les Caraïbes. 

Sobrement surnommé NICHE (National Full-Scale Testing Infrastructure for Community Hardening in Extreme Wind, Surge and Wave Events), les travaux de fabrication du simulateur ont débuté en janvier 2022 à l’université de Floride, rapporte le site Florida Today. Les chercheurs estiment qu’au moins quatre années seront nécessaires avant de pouvoir l’utiliser. “Un projet ambitieux mais non moins réalisable si les investissements sont à la hauteur des enjeux”, estime Frank Roux, professeur émérite au Laboratoire d’Aérologie de l’université Paul Sabatier (Toulouse), interrogé par WE DEMAIN.

Cyclone et ouragan : des phénomènes extrêmes de plus en plus fréquents

Un cyclone tire son énergie de la chaleur et de l’humidité qu’il extrait de la surface de l’océan, résume le scientifique. “Intuitivement, plus le vent souffle fort à la surface de l’océan, plus il soulèvera d’humidité et plus il y aura un transfert de chaleur vers l’atmosphère. C’est cette énergie qui va donner le ‘carburant’ au cyclone.” Les météorologues s’entendent pour estimer que, pour chaque degré supplémentaire, l’air va contenir 7 % d’humidité en plus.

En conséquence, la probabilité de phénomènes extrêmes exceptionnels est aujourd’hui 1,2 à 9 fois plus élevée qu’à l’ère pré-industrielle, révèle une analyse du World Weather Attribution. En outre, une étude de l’université de Newcastle précise que les tempêtes lentes, caractérisées par de fortes précipitations sur une zone limitée, pourraient devenir quatorze fois plus fréquentes en Europe d’ici la fin du siècle. Antennes relais, entrepôts, habitations… comment réagissent-ils sous des vents soufflants à plus de 300 kilomètres/heure ? L’intérêt du simulateur en construction en Floride est donc de savoir comment résistent les bâtiments.

“Définir de nouvelles normes d’urbanisme et d’architecture”

“Dans les régions soumises aux cyclones et ouragans, comme la côte de Floride, les Caraïbes ou encore la Chine, on peut faire face à des vents d’une telle intensité. Cette soufflerie permettra à terme de définir des normes d’urbanisme et d’architecture, synthétise le scientifique. Évidemment, cela permet aussi de répondre à des questions d’assurance en cas de dégâts.”

En France, une installation permet également de tester le comportement de tout type de structure par des vents très forts. Elle se trouve au CSTB (Centre Scientifique et Technique du Bâtiment) à Nantes.

Vers une catégorie 6 pour ?

La gigantesque installation simulera des ouragans d’une puissance inouïe, comparable à une catégorie 6, bien qu’elle n’existe pas sur l’échelle de Saffir-Simpson. Cette échelle permet d’établir l’intensité de ces phénomènes météorologiques extrêmes, comme l’échelle de Richter pour les tremblements de terre. Richard Olson, directeur de l’Institut des événements extrêmes de la CRF, avait suggéré l’idée de son officialisation.

Pour Frank Roux, il n’est pas nécessairement utile d’ajouter une sixième catégorie. “Le but des catégories 4 et 5 est d’expliquer au public qu’il s’agit de phénomènes extrêmement dévastateurs. Ils sont capables de ravager les maisons, déplacer des trains et réduire à néant toutes infrastructures industrielles. La catégorie 6 minimiserait le danger des catégories inférieures, qui sont déjà extrêmement dévastatrices.” Le professeur émérite préfère plutôt parler “de record de vitesse”.

Illustration : Shutterstock

Des vents d’une telle puissance ont déjà été observés de façon ponctuelle. Notamment lors du typhon Haiyan aux Philippines en 2013. Et brièvement durant l’ouragan Irma en 2017 dans les Caraïbes.

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