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Poiscaille : la pêche durable du filet à l’assiette en circuit court

Face à l’épuisement des ressources marines, certains décident d’arrêter purement et simplement de manger des produits de la mer. Mais il reste encore possible d’imaginer une autre pêche. Une pêche à l’opposé du chalutage de fond et de la senne démersale qui font tant de ravages. La société Poiscaille défend depuis 2014 une pêche douce, durable, raisonnée… et fraîche. Il se passe en moyenne 72h entre la pêche sur le bateau et l’assiette du particulier (48h en Île-de-France). C’est le plus court délai de la filière.

Fondée par Charles Guirriec, ingénieur de formation, cette société parisienne propose des produits de la mer (poissons sauvages vidés, coquillages et crustacés) en circuit court via un système d’abonnement à des casiers dont le contenu change chaque jour. “Vous ny trouverez pas de saumon d’élevage ou de cabillaud, explique Charles Guirriec. Nous ne proposons que la pêche des côtes françaises. Nous avons régulièrement des coquilles Saint-Jacques en plongée, des huîtres et des moules d’élevages respectueux de l’environnement, des crustacés et une large variété de poissons comme de la dorade, du merlu, du lieu jaune, du maquerau, du rouget-barbet…”

Une pêche diversifiée et raisonnée dans les casiers de Poiscaille

Pas de bateaux de plus de 12 mètres, pas plus de trois marins à bord… Poiscaille s’assure que les produits vendus sont issus d’une pêche raisonnée. “Nous collaborons avec 250 petits pêcheurs côtiers qui répondent à un cahier des charges, assure Charles Guirriec. Nous privilégions des techniques douces à l’aide de filets trémails, de casiers, de lignes, de palangre ou encore la plongée.”

Chaque Français consomme en moyenne 35 kg de poissons et fruits de mer par an mais seulement 12 kg sont pêchés en France.

Poiscaille compte actuellement 20 000 abonnés à ses casiers. Le rythme de livraison est hebdomadaire, quinzomadaire ou mensuel. L’abonnement est flexible : il peut être interrompu ou arrêté à tout moment. Et il est possible de choisir le contenu du casier l’avant-veille de la livraison, parmi une trentaine de combinaisons. En outre, chacun peut déclarer ses allergies.

Pour une vingtaine d’euros, le casier contient l’équivalent d’1 kg de poisson ou un mix avec des coquillages. “Les prix sont environ 20 % plus élevés que les prix du marché mais notre pêche est fraîche, durable et éthique”, souligne le fondateur de Poiscaille. Ensuite, les casiers sont livrés en points relais (1 600 dans toute la France) ou à domicile moyennant un supplément. Les 3/4 des commandes sont livrées en région.

Des pêcheurs mieux payés et qui gagnent en qualité de vie

Poiscaille a collaboré avec l’INRAE (Institut national de la recherche agronomique) pour étudier la rémunération des pêcheurs qui collaborent avec la plateforme par rapport au reste du secteur. Poiscaille travaille directement avec les petits pêcheurs et court-circuite ainsi deux intermédiaires. Cela lui permet de rémunérer les artisans plus chers que le marché.

Selon l’INRAE, le chiffre d’affaires mensuel est supérieur de 14,4 % quand un pêcheur vend une partie de sa prise à Poiscaille. S’il lui vend 100 % de ses captures, alors le chiffre d’affaires est 1,7 fois supérieur. Et Poiscaille ne passant pas par les criées, la plateforme connaît peu les fluctuations des prix dûes au système d’enchères. À la clé, une rémunération plus stable. “Les pêcheurs nous disent qu’ils ont moins besoin de sortir en mer. Qu’ils gagnent en qualité de vie grâce à cette pêche plus durable”, indique Charles Guirriec.

Poiscaille, qui emploie 80 personnes, a lancé dernièrement un prêt participatif via Lita.co. Objectif : lever 1 million d’euros pour atteindre la rentabilité à mi 2024. La firme a réalisé 10 millions de chiffre d’affaires en 2022. Elle développe aussi, parallèlement à son activité de frais, des conserves et fumaisons des produits de la mer. “C’est une bonne alternative pour garantir des revenus aux pêcheurs même pendant les périodes creuses”, conclut le fondateur de Poiscaille.

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