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Pour 8 000 euros, cette serre connectée nourrit quatre personnes toute l’année

Laisser tomber le supermarché pour se nourrir des produits du potager est un rêve pour de nombreux Français… mais qui reste hors de portée à moins de disposer de beaucoup de temps et d’espace pour jardiner.

Mais une start-up française affirme avoir trouvé la solution. Baptisée Myfood, elle a mis au point une serre connectée mêlant techniques de permaculture et d’aquaponie. Selon ces concepteurs, celle-ci est capable de produire sur 22 mètres carrés jusqu’à 400 kilos de fruits et légumes et 40 kilos de poisson par an.

Relocaliser l’alimentation

« Avec Myfood, nous voulons permettre aux particuliers, mais aussi aux entreprises et collectivités de produire leur propre nourriture au niveau local et le tout de façon écologique », explique Mickaël Gandecki, l’un des trois fondateurs du projet.

Tout a commencé en 2015, lorsque Myfood a été sélectionnée pour participer à POC21. Un évènement de cinq semaines qui a rassemblé 250 bricoleurs dans un château des Yvelines pour y développer des projets écologiques et open source. Deux ans plus tard, la jeune entreprise est désormais lancée et vient de présenter sa serre connectée lors du salon de l’agriculture de Paris.

Application smartphone

Celle-ci peut intégrer des panneaux solaires sur son toit ou se connecter au réseau électrique afin d’alimenter son système d’irrigation, sa ventilation et ses nombreux capteurs. Ces derniers mesurent l’humidité, la température de l’air et de l’eau, ainsi que le pH des sols et transmettent ces informations à une application smartphone. Le tout  pour une consommation électrique équivalente à celle d’une ampoule de 60 watts, soit une facture de 60 euros par an.

Au milieu de la serre, un grand bassin abrite des poissons comestibles comme des carpes ou des tilapias, auxquels on peut ajouter des écrevisses. L’eau de ce bassin est pompée et dirigée dans des tours verticales en plastique qui le surplombent, où poussent fraises, salades, légumes et autres herbes aromatiques.

Plastique alimentaire

« Grâce à ce système, il n’y a besoin d’aucun engrais chimique car les bactéries naturellement présentes autour des racines transforment les déjections des poissons en nutriments pour les plantes », assure Mickaël Gandecki. « Pour fabriquer nos tours, nous avons sélectionné un plastique alimentaire utilisé depuis plus de 10 ans par les professionnels et vierge de toutes substances nocives. »

Résultat: zéro pesticides et jusqu’à 90% d’économie d’eau par rapport à de la culture en pleine terre. Et pour nourrir les poissons ? « Nous travaillons sur un lombricomposteur qui produira la nourriture essentielle aux races carnivores. En attendant nous recommandons l’emploi d’aliments bio pour poissons car les produits du commerce peuvent contenir tout et n’importe quoi. »

Buttes de permaculture

Pour cultiver pommes de terre, choux, citrouilles et autres légumes volumineux, des buttes de permaculture sont installées sur les bords intérieurs et extérieurs de la serre. « C’est une technique bien connue des jardiniers qui consiste à enterrer des bûches dans de la terre et à la couvrir de bois raméal fragmenté (BRF). » On obtient ainsi une terre souple et fertile, semblable à celle des forêts.

Grâce à cette serre high tech, Myfood assure pouvoir apporter l’essentiel de l’alimentation d’une famille de 4 personnes. Selon l’entreprise, il est possible de récolter toute l’année en y consacrant seulement une heure par semaine. Dans les régions du nord de la France, mieux vaut cependant y ajouter un poêle à granulé ou un système pour récupérer la chaleur de la maison.

Du pesto pour tout l’hiver

C’est l’option qu’a choisi Sébastien C. Un auvergnat qui possède une serre Myfood depuis mai 2016. « J’ai eu d’excellents rendements, notamment avec la culture sur butte. J’ai récolté cette année environ 150 kilos de tomate, une dizaine de kilos d’aubergines et de poivrons et fait du pesto pour tout l’hiver ! »

Sa serre de 22m2 lui a coûté 8 000 euros, livraison et installation incluse. Une somme qui n’inclut pas les panneaux solaires et le chauffage à granulé vendus en option. Pour les plus petites surfaces, la jeune entreprise commercialise également des versions de 14 et 3,5m2. Utile quand on ne dispose que d’un balcon ou d’un morceau de toit, comme chez Margot V. Une utilisatrice parisienne.

Achat passion

« Le bruit de l’eau est très agréable et c’est pratique d’avoir mes tours de culture à deux pas de ma cuisine. Mais pour moi, le plus important est surtout d’apprendre à mes enfants à ouvrir les yeux sur la société de consommation et à écouter la terre ».

Une opinion que partage Sébastien C. « Selon l’entreprise, on peut rentabiliser la serre en seulement 4 ans. J’en suis encore loin avec mes tomates car, à raison de 4 euros le kilo, je n’ai économisé que 600 euros cette année. Plus qu’un investissement, c’est surtout un achat passion et une façon de me réapproprier mon alimentation. »

Et si vous êtes bricoleur, il est aussi possible de bâtir votre serre vous même. « Dans le respect de notre démarche open source, nous avons publié tous les plans et le code source sur Internet pour que chacun puisse bâtir son système », conclut Mickaël Gandecki. De quoi accélérer encore plus la transition vers une alimentation bio et locale.

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