Première française en Bretagne : un immeuble équipé de toilettes sèches

Une révolution du petit coin, ni plus ni moins. En France, les toilettes sèches restent cantonnées aux festivals ou aux fonds des jardins. Depuis peu, des mairies en installent aussi dans les lieux publics. Mais des Bretons en veulent à tous les étages : la coopérative d’habitants l’Ôôôberge, à Dol-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine) a décidé d’installer des toilettes sans chasse d’eau dans l’ensemble de sa future résidence. 
 
Les travaux de construction des quatre petits immeubles qui hébergeront 23 foyers, soit une soixantaine de personnes, commenceront cet été. Une première en France où aucun habitat ne comptait jusqu’ici d’assainissement écologique collectif, pourtant répandu en Suède ou en Suisse. 

Des toilettes sèches économiques et écologiques

Au départ, ce sont des préoccupations sociales qui ont fait naître cette idée, rapporte Irène Cerquetti, future résidente. “Nous voulions une certaine mixité au sein de la résidence“. Les logements sont donc accessibles aux personnes handicapées et certains seront loués à des prix modérés. 
 
“Pour que la résidence soit ouverte à tous, nous avons aussi cherché à réduire notre consommation d’eau qui est très chère en Bretagne”, poursuit Irène Cerquetti. D’où ce projet de toilettes sèches. C’est aussi pour réduire les charges que la coopérative a opté pour une isolation très performante à base de textile recyclé.
 
Mais les considérations écologiques ont aussi pesé.
 

Nous vivons à quelques kilomètres de la Baie du Mont-Saint-Michel et nous avons conscience que les eaux bretonnes sont polluées, qu’il s’agit d’un milieu humide très fragile et précieux pour la biodiversité”, poursuit Irène. 

 
Dans cette résidence, au lieu de souiller les sols, les déjections seront triées à la source et même valorisées. Comment ? 

Un système simple sans sciure

Les habitants ont fait part de leur idée à la société française Ecosec, qui a développé pour eux des toilettes sèches simple d’utilisation. Ici, nul besoin de jeter de la sciure dans les toilettes.

Après s’être assis sur le trône, il suffit d’appuyer sur une pédale: les urines descendent dans une cuve commune sous le bâtiment, tandis que les excréments partent dans un “coffre”, à l’arrière des cabinets. Chaque appartement sera aussi équipé d’une ventilation mécanique (VMC) pour empêcher le reflux de mauvaises odeurs, détaille le magazine L’Âge de faire.
 
Puis c’est un maître-composteur qui viendra collecter le contenu des coffres tous les six mois. Les habitants n’auront donc aucun contact direct avec leurs déjections. “Essentiel pour que tous les habitants adhèrent au projet”, souligne Irène. Les excréments serviront ensuite à fabriquer du compost, aux côtés de lisiers d’animaux et de déchets verts de la région. L’urine des habitants, elle, pourrait servir d’engrais. 
 

Subvention de la région Bretagne

Un projet qui a reçu un bon accueil jusqu’ici, se réjouit Irène. Le maitre d’ouvrage, qui est l’organisme HLM de l’intercommunalité, a juste demandé à ce que le système soit réversible : les toilettes seront aussi reliées au réseau de tout à l’égout classique.  
 
De son côté, le Conseil régional de Bretagne a subventionné le projet à hauteur de 40 000 euros, un “geste fort” qui témoigne “d’un changement des politiques publiques d’assainissement”, veut croire Irène. 
 
Et déjà, d’autres membres du Réseau des habitats participatifs se sont rapprochés de l’Ôôôberge, intrigués par ce projet.

Retour sur expérience attendu en 2020, après livraison de cette résidence pionnière à ses habitants.
 

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