Partager la publication "Quand le design devient floral"
Fâné, le petit bouquet de fleurs serrées et rigide des années 1990. Depuis une dizaine d’années, un vent de liberté souffle sur la création florale.
De nouveaux maitres fleuristes, inspirés par
le mouvement “slow flower” , privilégient les variétés durables et de saison, cultivées localement, parfois dans leur jardin, comme
les grands chefs cultivent des légumes à domicile. Dans leurs bouquets réapparaissent des espèces originales, insolites, autres que celles qui poussent en Hollande en rang d’oignons.
Ces cultivateurs artisans insèrent aussi dans leurs créations diverses espèces végétales, branches tortueuses d’arbres fruitiers, fleurs séchées, baies ou graminées.
La création florale se réinvente également en s’inspirant de la peinture d’autrefois, des maitres hollandais ou d’autres disciplines contemporaines, de la sculpture, de la haute couture…
Un nouvel art floral qui s’expose et rencontre un grand succès sur les réseaux sociaux, en particulier sur
Instagram. Dans l’hyperconnexion, ces bouquets offrent comme une respiration. Récemment, nous vous parlions aussi
du succès des succulentes sur internet.
Plus besoin donc pour les fleuristes d’avoir pignon sur rue. Ils peuvent devenir nomades, travailler pour des événements, des restaurants, des musées, des défilées, imaginer des créations de plus grande dimension…
Un très bel ouvrage, paru chez Phaidon, met à l’honneur ce travail :
En fleur. Design floral contemporain. Le livre réunit les travaux de 86 designers floraux sélectionnés par un bouquet de stylistes, journalistes, parfumeurs… Dont voici une petite sélection pour inspirer vos créations.
Azuma Makoto
3, 2, 1… Décollage imminent pour un vol spatial botanique ! En 2014, Azuma Makoto envoie pour la première fois des fleurs dans l’espace, dans le cadre de son exposition d’Exobiotanica.
La création – composée de lys, d’hortensias, d’orchidées et d’iris – a été envoyée dans la stratosphère à l’aide de ballons gonflés à l’hélium pour filmer leur réaction à cet environnement hostile.
kkkkk D’immenses compositions florales prises au piège dans des blocs de glace ciselés se désintégrant à mesure que la glace fond. Voici l’une des œuvres auxquelles l’artiste doit sa notoriété.
Créées en 2015, ces pièces ont séduit le styliste Dries Van Noten pour son défilé Printemps-Été 2018.
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Wona Bae et Charlie Lawler
Des œuvres florales audacieuses disposées dans différents lieux publics : voici la signature du duo Wona Bae et Charlie Lawler, artistes installés à Melbourne.
Ces deux fleuristes composent leurs créations en fonction du comportement des plantes, de leurs proportions, structures ou textures.
L’une des plus connues : cette grande couronne de fleurs de cerisiers suspendue.
lllll Vic Brotherson
Vic Brotherson débarque à Londres au début des années 1990, embauchée comme fleuriste dans un kiosque accolé aux toilettes publiques de Westbourne Grove.
Plus tard, elle ouvre son atelier –
Scarlet & Violet – et y sculpte des bouquets à la fois vintage et contemporain qui donnent l’impression d’avoir été cueillis sur le moment.
Son autre penchant : couvrir de gigantesques pans de mur ou des escaliers victoriens ou géorgiens de fleurs coupées et de branches fleuries.
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Lauren Sellen
Lauren Sellen est fascinée par l’étrangeté avec laquelle certaines fleurs ou arbres poussent.
Basée à Toronto, l’artiste travaille généralement avec des couleurs monochromes – voire pastelles – la plupart du temps avec un seul type de fleur par composition, et jouit d’une notoriété grandissante.
En septembre 2018, pour un mariage en Provence, elle signe cette coiffe géante de gypsophile rose et blanche disposée en cascade sur une installation d’asparagus.
lllll Doan Ly
kkkkk Pour Doan Ly – fondatrice d’A.P BIO – “les fleurs sont des mots” qu’elle-même, fleuriste, aime transmettre à travers la photographie.
Chaque composition de cette artiste autodidacte se veut un composition ludique, à l’image de cette oeuvre où elle fait fondre des cônes de glace sur une surface brillante et immaculée, entourés de tulipes et d’anthuriums.
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Elizabeth Johnson et George Law
Une petite échoppe fleurie dans le quartier de Glebe, à Sydney. Voici à quoi ressemblait l’atelier d’Elizabeth Johnson et de George Law en 2006, avant qu’il ne se transforme en entreprise florissante –
Seed Flora – au service de mariages et autres événements d’une clientèle de luxe.
Du bouquet de chrysanthèmes jaunes et d’orchidées Oncidium sur une structure en nid d’abeille pour la marque
Pandora à la création d’un décor pour défilé de mode agrémenté de roses et autres fleurs rouges, le couple est connu pour ses compositions extravagantes.
lllll Brittany Asch
Les cours d’arts performatifs et musicaux au
Berklee College of Music de Boston inspirent encore le travail de Brittany Asch. Son expérience dans la création de décors, de costumes et de situations marque ses compositions.
Dans cette oeuvre, les feuilles de palmier semblent danser le French cancan au milieu d’autres callas, herbes de la pampa, anthuriums, heliconia rostrata, amarantes, allium et orchidées.
lllll Kiana Underwood
Ayant grandi au milieu du jardin de son grand-père, à Téhéran, Kiana Underwood est une des designeuses à forte notoriété aux États-Unis.
En 2011, elle crée Tulipina. Peu à peu, elle suscite l’admiration de millions de followers internationaux avec un art qu’elle aime appeler “peinture avec des fleurs”.
Cette composition – inspirée des maîtres anciens – a été élaborée avec les fleurs de son propre jardin.
Emily Thompson
Emily Thompson, sculptrice de formation, cherche à exprimer la lutte perpétuelle entre la vie et la mort dans la nature, ainsi que le combat pour la domination et la survie.
Au milieu de branches, de grappes et de baies, pensées et myosotis tentent de faire leur place dans ce bouquet.
En 2011, elle est invitée à décorer la salle de bal de la Maison Blanche, cinq ans à peine après ses débuts dans l’art floral. Depuis,
Emily Thompson Flowers, son entreprise, double de taille chaque année.
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