Partager la publication "Quatre smartphones anti-surveillance au banc d’essai"
Le smartphone est aujourd’hui un objet intime. Un véritable ordinateur qui nous accompagne partout et qui aspire toutes nos données personnelles : coordonnées bancaires, relations sociales, position GPS, goûts musicaux, correspondance, données biométriques et médicales… Avec ses six caméras, le Fire Phone d’Amazon scrute votre visage pour produire des images en 3D. Le Samsung Galaxy S6 capte votre rythme cardiaque. Le Google Ara pourra accueillir des capteurs médicaux analysant votre glycémie ou l’oxygénation de votre sang.
À quoi servent ces données ? À nous proposer des services toujours plus efficaces, plus personnalisés. Qui en dispose ? C’est là que les choses s’obscurcissent. Car une fois que ses données sont émises par le smartphone, l’usager n’en a plus le contrôle. Peu de solutions existent pour y remédier. Si l’affaire Snowden a mis en lumière l’espionnage généralisé de la NSA, rares sont les citoyens et les responsables politiques qui se préoccupent de celui qu’opèrent les entreprises du web.
Logiciels propriétaires
Ce butin est jalousement protégé. Les logiciels des GAFAM étant propriétaires, il est impossible d’en vérifier le fonctionnement en analysant le code source, contrairement aux logiciels open source, qui rendent ce code disponible. C’est d’autant plus inquiétant que ces entreprises, implantées aux États-Unis, sont tenues de fournir vos données au gouvernement américain si ce dernier le désire.
Et avec la multiplication des capteurs embarqués, l’appétit de notre petite machine ne cesse d’augmenter. À la fin de 2014, une étude menée par la CNIL, sur 189 applications fonctionnant sous Android et iOS a révélé la fréquence à laquelle elles communiquent nos données. Une célèbre “application de réseau social” a ainsi transmis 150 000 fois en trois mois la localisation de l’un des chercheurs. Un accès par minute en moyenne ! Un innocent petit jeu y a eu accès 3000 fois sur la même période. Entre 50 % et 60 % des applications ont obtenu le numéro de série du téléphone, ce qui ne devrait pas être le cas.
Procès et réclamations
En 2011, le Washington Post a rapporté le cas de Catherine Taylor, une habitante de l’Arkansas à qui l’on avait refusé un crédit, puis un emploi à la Croix-Rouge, après qu’elle avait été listée par erreur comme ex-accro à la méthamphétamine. Il lui a fallu des années de procès et de réclamations pour parvenir à faire “nettoyer” ces informations erronées et retrouver un job.
Autre risque : le vol. En 2014, le “celebrity gate” a éclaté lorsqu’un groupe de hackeurs a dérobé et mis en ligne les photos dénudées de 200 stars américaines. Des images qui avaient été automatiquement stockées sur iCloud. En général, les développeurs d’applis allouent très peu de moyens à la sécurité : seulement 5,5 % de leur budget, selon l’institut Ponemon.
Beaucoup n’y investissent pas un centime. C’est le cas du fabricant de smartphones HTC, sanctionné en 2013 par la Federal Trade Commission (FTC) – l’agence gouvernementale américaine chargée du commerce – pour les nombreuses failles de sécurité de son interface HTC Sense et son absence totale d’équipe chargée de la sécurité.
Quatre solutions au banc d’essai
Blackphone : la sécurité au prix fort
AVANTAGES : une solution de sécurité complète, avec une suite de logiciels qui garantissent des communications sécurisées.
INCONVÉNIENTS : son prix, mais aussi son fonctionnement centralisé.
Replicant et Cyanogenmod : gratuits, mais complexes
AVANTAGES : gratuits et personnalisables, ces deux OS compatibles avec de nombreux téléphones améliorent aussi l’autonomie de la batterie.
INCONVÉNIENTS : leur installation requiert une certaine maîtrise technique, que l’on palliera en consultant l’un des nombreux tutoriels en ligne.
Firefox os : simple, pas cher, mais non crypté
AVANTAGES : facile d’utilisation et réactif, Firefox OS fonctionne sur des téléphones d’entrée de gamme.
INCONVÉNIENTS : en France, un seul téléphone fonctionne sous cet OS, le ZTE Open C, vendu environ 80 euros. Absence d’outil de cryptage. Peu de personnalisation.
Ubuntu touch : le petit dernier
AVANTAGES : une interface originale, qui permet de gérer facilement ses flux et comptes de messagerie. Développé par une vaste communauté, ce système d’exploitation est personnalisable.
INCONVÉNIENTS : encore jeune, Ubuntu Touch pèche par ses nombreux bugs et un catalogue encore limité en sécurité.
Jean-Jacques Valette
Journaliste à We Demain
@ValetteJJ
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