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Au Québec, à la place des pavés, des fleurs

Imperméabilité des sols, îlots de chaleur… L’asphalte est en cause de bien des maux urbains. Pour ramener un peu de nature en ville, le mouvement quebéquois “Sous les pavés” déminéralise les écoles ou les résidences, de manière participative.

Le 03/12/2019 par Sofia Colla
Le village EBIOS sera constitué de 4 dà´mes, chacun ayant une serre en son centre. (Crédit : Interstellar Lab)
Le village EBIOS sera constitué de 4 dà´mes, chacun ayant une serre en son centre. (Crédit : Interstellar Lab)

Remettre de la nature en ville. Il existe plusieurs moyens d’y parvenir en tant que citoyens. En France, il existe par exemple des permis de végétaliser. D’autres agissent dans l’ombre : ils remplacent les pavés des villes par des fleurs. Nous vous parlons de ce “biodalisme” (contraction de biodiversité et vandalisme) dans le numéro d’hiver de We Demain
 
De l’autre côté de l’Atlantique, au Quebec, un mouvement similaire se développe depuis 2017:  “Sous les pavés”  de plus grande ampleur, et subventionné par le gouvernement. Il s’inspire du courant “Depave Paradise ” né aux Etats-Unis. 

Ce projet encourage à déminéraliser à la main les villes, c’est à dire à remplaçant l’asphalte par des végétaux “afin de restaurer le cycle naturel de l’eau”

“Les villes sont devenues imperméables, elles n’arrivent plus à jouer leur rôle d’éponge naturelle. Ce que nous essayons de rétablir”.

C’est ce que nous explique Delphine Chalumeau, du Centre d’écologie urbaine de Montréal (CEUM), organisme à but non lucratif à l’origine du programme.
     

Déminéraliser à la main

Pour ce faire, le CEUM s’appuie sur les associations locales, “qui connaissent leur territoire et leurs besoins”. Ces associations identifient les lieux à naturaliser et démarchent les municipalités, ou les propriétaires s’il s’agit d’un terrain privé.

Les citoyens sont donc impliqués dès le début : une fois le site trouvé, ils partagent leurs besoins et donnent leur avis concernant l’esthétisme du projet. Un professionnel réalise ensuite les plans d’aménagement. Et, enfin, les habitants participent au dépavage et à la plantation des végétaux. Le centre d’écologie montréalais les forme et leur fournit les outils nécessaires à cet urbanisme participatif.
 
Ce sont ensuite les propriétaires, privés ou la municipalité, qui deviennent responsables de l’entretien du nouvel aménagement.
    

Un guide de dépavage

En trois ans, 12 sites ont été déminéralisés : des écoles primaires, des stationnements municipaux, des espaces au sein de complexes résidentiels… “Les superficies déminéralisées sont d’environ 150 à 200 m2, il s’agit parfois d’un îlot et parfois de plusieurs emplacements d’arbres”, explique Delphine Chalumeau.
 
Plus de 600 personnes ont participé. “Lorsqu’on déminéralise une cours d’école, cela mobilise beaucoup de monde !”
 
Le projet touche à sa fin, mais le mouvement va continuer à se développer espère Delphine Chalumeau : “Malheureusement, notre financement s’arrête en janvier. Mais nous avons pu créer un guide, accessible à tous et qui peut être adapté un peu partout.”

 
Retrouver notre reportage sur le biodalisme dans la revue We Demain n°28 disponible en kiosque et sur notre boutique en ligne

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