Au Québec, à la place des pavés, des fleurs

Remettre de la nature en ville. Il existe plusieurs moyens d’y parvenir en tant que citoyens. En France, il existe par exemple des permis de végétaliser. D’autres agissent dans l’ombre : ils remplacent les pavés des villes par des fleurs. Nous vous parlons de ce “biodalisme” (contraction de biodiversité et vandalisme) dans le numéro d’hiver de We Demain
 
De l’autre côté de l’Atlantique, au Quebec, un mouvement similaire se développe depuis 2017: “Sous les pavés”  de plus grande ampleur, et subventionné par le gouvernement. Il s’inspire du courant “Depave Paradise ” né aux Etats-Unis. 

Ce projet encourage à déminéraliser à la main les villes, c’est à dire à remplaçant l’asphalte par des végétaux “afin de restaurer le cycle naturel de l’eau”

“Les villes sont devenues imperméables, elles n’arrivent plus à jouer leur rôle d’éponge naturelle. Ce que nous essayons de rétablir”.

C’est ce que nous explique Delphine Chalumeau, du Centre d’écologie urbaine de Montréal (CEUM), organisme à but non lucratif à l’origine du programme.
     

Déminéraliser à la main

Pour ce faire, le CEUM s’appuie sur les associations locales, “qui connaissent leur territoire et leurs besoins”. Ces associations identifient les lieux à naturaliser et démarchent les municipalités, ou les propriétaires s’il s’agit d’un terrain privé.

Les citoyens sont donc impliqués dès le début : une fois le site trouvé, ils partagent leurs besoins et donnent leur avis concernant l’esthétisme du projet. Un professionnel réalise ensuite les plans d’aménagement. Et, enfin, les habitants participent au dépavage et à la plantation des végétaux. Le centre d’écologie montréalais les forme et leur fournit les outils nécessaires à cet urbanisme participatif.
 
Ce sont ensuite les propriétaires, privés ou la municipalité, qui deviennent responsables de l’entretien du nouvel aménagement.
    

Un guide de dépavage

En trois ans, 12 sites ont été déminéralisés : des écoles primaires, des stationnements municipaux, des espaces au sein de complexes résidentiels… “Les superficies déminéralisées sont d’environ 150 à 200 m2, il s’agit parfois d’un îlot et parfois de plusieurs emplacements d’arbres”, explique Delphine Chalumeau.
 
Plus de 600 personnes ont participé. “Lorsqu’on déminéralise une cours d’école, cela mobilise beaucoup de monde !”
 
Le projet touche à sa fin, mais le mouvement va continuer à se développer espère Delphine Chalumeau : “Malheureusement, notre financement s’arrête en janvier. Mais nous avons pu créer un guide, accessible à tous et qui peut être adapté un peu partout.”

Retrouver notre reportage sur le biodalisme dans la revue We Demain n°28 disponible en kiosque et sur notre boutique en ligne .

Recent Posts

  • Découvrir

Indonésie : bienvenue au Recycling Village

Que faire de ces matières délétères ? À Bukit Lawang, dans la province de Sumatra,…

15 heures ago
  • Respirer

Régénérer en grand : le pari réussi de deux pionniers de l’agriculture régénérative

Rompant avec le dogme du sol comme simple support d’engrais et de pesticides dédiés aux…

2 jours ago
  • Respirer

Jane Goodall : “Ma vie”

L’écouter, c’est prendre une bonne ration d’espoir. Éthologue mondialement reconnue pour ses enquêtes de terrain…

2 jours ago
  • Ralentir

Franchir le fossé vert

De la parole aux actes, il y a souvent une sorte de fossé mental invisible,…

2 jours ago
  • Déchiffrer

Sylvain Waserman (ADEME) : “La transition écologique devient le cœur de la stratégie des entreprises”

Président de l'ADEME depuis un an et demi, Sylvain Waserman observe une mutation profonde du…

3 jours ago
  • Découvrir

Atelier Tuffery : visite dans le temple du jean français qui s’est réinventé avec succès

Depuis 1892, Atelier Tuffery façonne des jeans au cœur des Cévennes, perpétuant un savoir-faire artisanal…

4 jours ago