Recyclage : le bilan français de l’Ademe appelle à une nécessaire accélération

Où en est-on du recyclage en France ? Alors que le pays a initié la récupération obligatoire des biodéchets depuis le 1er janvier 2024, la thématique est de plus en plus cruciale dans bien des filières. En effet, pour réduire l’exploitation des ressources naturelles, le recyclage est absolument nécessaire. C’est aussi une solution très efficace  pour diminuer la production de matières par des procédés bien souvent polluants. Cette option est donc à privilégier par rapport à la valorisation énergétique ou l’élimination. Pour faire le point sur les pratiques françaises, l’ADEME, l’agence de la transition écologique, a dévoilé son rapport sur le recyclage.

Ce bilan analyse, sur les dix dernières années, entre 2012 à 2021, les principales évolutions pour onze matériaux, des métaux ferreux aux plastiques, en passant par le textile, le verre et le carton. En 2020, ce sont plus de 66 millions de tonnes de déchets qui ont été collectés afin d’être recyclés en France. Selon l’Ademe, cela a permis d’éviter l’émission de 17 millions de tonnes de CO2. Une transformation incitée par la réglementation française mais aussi par le soutien financier de l’État. 500 millions d’euros ont été consacrés à l’économie circulaire sur la période 2020- 2022. Le plan France Relance 2030 y contribue aussi : le fonds économie circulaire a quasiment doublé, passant à 300 millions d’euros en 2023 et 2024.

Vers un horizon plus vert ? L’ascension du recyclage plastique en France

Le recyclage des plastiques en France montre une progression notable, avec une augmentation de 400 kilotonnes entre 2012 et 2021, atteignant 1,3 million de tonnes collectées. Toutefois, le taux de collecte de 25 % en 2020 révèle un potentiel d’amélioration significatif. L’importation de déchets plastiques, principalement pour la résine PET, augmente légèrement, compensant la baisse des exportations due à des réglementations internationales plus strictes.

“La collecte du plastique progresse mais reste assez faible. Des efforts devront être accomplis dans ce sens même si elle a augmenté de 142 % depuis 2012″, assure Hélène Bortoli-Puig, cheffe du service Écoconception et recyclage à l’ADEME. Cependant, pour espérer atteindre les objectifs nationaux et européens, la France doit accroître l’écoconception des produits, améliorer l’efficacité du tri, et augmenter les capacités de traitement de toutes les résines. L’incorporation de plastiques recyclés progresse, mais nécessite une impulsion plus forte pour maximiser l’utilisation des ressources disponibles et minimiser l’impact environnemental. Recycler et réutiliser une tonne de plastique permet d’économiser 2.7 tonnes de CO2 en comparaison de la production d’une tonne de plastique vierge.

Métaux : il est nécessaire d’affiner le recyclage pour un futur durable

L’industrie métallurgique française, notamment dans les secteurs de l’acier et de l’aluminium, repose largement sur le recyclage. 90 % de l’ensemble des métaux qui sont entrés dans l’économie circulaire en 2020. La production d’acier à partir de ferrailles atteignait même 95 % dans la filière électrique en 2019. Tandis que l’aluminium et le cuivre recyclés contribuaient significativement aux besoins industriels. Pourquoi une telle différence avec le plastique ? Le prix de ces matières premières, bien plus élevées, constitue un facteur clef pour leur réutilisation.

Cependant, la demande en Matières Premières de Recyclages (MPR) excède souvent l’offre disponible. Malgré une bonne performance de recyclage, des améliorations sont nécessaires pour optimiser le recyclage des métaux en France. La préparation et l’incorporation des MPR, souvent effectuées à l’étranger, doivent être renforcées localement.

Textiles transformés : tisser les fils du recyclage et de la durabilité

La collecte et le recyclage des textiles en France connaissent une croissance, avec une collecte de 244 000 tonnes en 2021, sur un gisement de déchets estimé à environ 800 000 tonnes par an. Les textiles usagés, même endommagés, sont de plus en plus valorisés grâce à de nouveaux processus de recyclage. Cependant, la quantité collectée reste inférieure au potentiel total estimé. La réglementation fait que les choses vont nécessairement bouger rapidement. La collecte de tous les déchets textiles, y compris les textiles professionnels et techniques, sera obligatoire à partir de 2025.

À cette occasion, de nouveaux défis émergent, notamment en termes de capacités de traitement et de développement technologique. L’amélioration de la filière de recyclage des textiles est cruciale pour répondre à la demande croissante de matières recyclées et pour contribuer à la réduction de l’impact environnemental de ce secteur. Mais encore faut-il créer de véritables économies circulaires. Dans ce domaine, la France est clairement à la traîne. Et cela ne doit pas nous éloigner d’un autre objectif parallèle et complémentaire : adopter une réelle sobriété dans nos habitudes de consommation. C’est encore le meilleur moyen pour préserver la planète.

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