Partager la publication "Ruée vers l’or blanc : une première mine de lithium en France"
Direction le centre de la France, en Auvergne. Non loin de Vichy, une mine de lithium verra bientôt le jour. Le leader mondial des spécialités minérales, la multinationale française Imerys, a annoncé ce lundi 24 octobre le lancement d’un projet d’exploitation de lithium en France baptisé “Emili”. Implantée sur la commune des Échassières, la mine débutera son activité en 2028 et nécessitera un investissement de 1 milliard d’euros pour voir le jour. Objectif : extraire l’or blanc pour l’économie verte.
Cette mine, qui sera l’une des plus grandes d’Europe, doit permettre à la France – et plus largement à l’Europe – de diminuer drastiquement sa dépendance à la Chine pour la fourniture de ce minéral, vital pour la fabrication de batteries au lithium, utilisées notamment dans les voitures électriques. La demande augmente en moyenne de 20 % par an en la matière. Il aura fallu pas moins de 18 mois de sondages et d’études pour établir l’intérêt des sous-sol d’une carrière de kaolin, une argile blanche utilisée pour la fabrication de céramiques.
Selon les carottages réalisés, il devrait y avoir une concentration importante d’hydroxyde de lithium à une profondeur située entre 35 et 75 mètres. Alessandro Dazza, directeur général d’Imerys, assure qu’une fois en activité, la mine devrait pouvoir produire “34.000 tonnes d’hydroxyde de lithium par an à partir de 2028, pour une durée d’au moins 25 ans.”
Pour avoir un ordre d’idée, cela permettrait d’“équiper l’équivalent de 700 000 véhicules électriques en batteries lithium-ion” par an. Il faut savoir qu’un véhicule électrique a besoin d’au minimum 10 kilos de lithium pour ses batteries (80 kilos pour certaines Tesla) contre environ 300 grammes pour un vélo électrique, par exemple. “Rien que pour les batteries des voitures électriques et le stockage énergétique, l’Union européenne aura besoin de 18 fois plus de lithium d’ici à 2030 et jusqu’à 60 fois plus d’ici à 2050”, a prévenu Maroš Šefčovič, vice-président de la Commission européenne.
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Bien que la concentration en lithium soit jugée bonne (de l’ordre de 0,9 à 1 %), il faudra néanmoins extraire près de 100 tonnes de roche pour obtenir 1 tonne de lithium. De tels volumes peuvent laisser craindre un impact important en termes d’empreinte carbone.
Imerys a précisé que l’exploitation se ferait en souterrain pour limiter les poussières et que la mine adopterait la norme internationale IRMA (Initiative for Responsible Mining Assurance) en cours d’élaboration. Parmi les mesures pour réduire l’empreinte carbone, citons la réduction des rejets toxiques et de la consommation d’eau. En outre, une gare sera installée à proximité et le traitement du minéral se fera “en circuit court”, selon la firme. In fine, Imerys estime que chaque tonne de lithium extraite provoquerait 8 kilos d’émission de C02 (moins qu’en Australie ou en Chine où les estimations sont de l’ordre de 16 à 20 kilos).
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Mais Antoine Gatet, vice-président de France Nature Environnement (FNE), n’est pas du tout de cet avis : “Il faut arrêter avec le mythe de la mine propre ! Tout ça c’est de la communication et du flan. On ne sait pas extraire de la matière du sous-sol de façon propre, car une mine ça implique toujours à côté une grosse usine chimique de transformation, ce qui entraîne une exploitation, et à terme une pollution, de l’eau et des quantités importantes de déchets qu’on ne sait pas gérer.”
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