Partager la publication "Quand le télétravail devient un facteur d’inclusion"
Pour les personnes handicapées à mobilité réduite, le bénéfice est évident. Avoir l’opportunité de travailler chez elles est en effet synonyme de quotidien facilité, avec la possibilité de renouer avec le salariat, lorsque la notion de transport représente une contrainte rédhibitoire.
Florian est consultant pour Talenteo, premier blog emploi et handicap en France. Un handicap de naissance l’oblige à se déplacer avec des béquilles. S’il travaille avec Talenteo basé à Grenoble, tandis qu’il vit à Lyon, c’est bien grâce au télétravail.
“J’ai opté pour ce dernier après un an de chômage, raconte-t-il. On m’avait proposé des postes à Paris, mais cette ville est inaccessible, l’accès aux transports y est bien trop difficile, alors que je suis parfaitement autonome à Lyon. J’ai donc proposé mes services à distance. Ce qui ne veut pas dire que je passe des semaines enfermé chez moi. Je rencontre mes clients. Et les outils technologiques permettent désormais une vraie proximité.”
Une solution pour conserver son activité
Travailler autrement peut aussi permettre à ceux dont le handicap résulte d’un accident de la vie – la majorité des cas – de conserver leur activité. Chez Hewlett Packard, le télétravail a ainsi été institué depuis près de vingt ans avec priorité donnée aux personnes handicapées. L’employeur demande seulement au salarié d’être présent une fois par semaine afin de conserver le lien qui l’unit aux équipes.
Le télétravail peut aussi constituer une solution pour ceux qui souffrent d’une pathologie non visible : ces derniers sont en effet particulièrement exposés à la fatigue provoquée par les transports et à certains problèmes que peut poser l’environnement même de l’entreprise.
Allergies, asthme… l’association Exasso identifie ainsi une vingtaine de problèmes pour lesquels le besoin de télétravail régulier peut être nécessaire : la climatisation de l’entreprise pouvant ainsi poser à elle seule un vrai souci de santé pour certaines personnes.
Reste le problème de l’isolement que peut impliquer le télétravail pour des hommes et des femmes se sentant parfois déjà victimes d’exclusion. Un faux débat pour l’association Keros qui représente les patients atteints de maladies chroniques. Car ce n’est pas le télétravail qui causerait l’isolement, mais bien l’absence de travail. D’autant que les outils technologiques, à commencer par la visioconférence, offrent la possibilité d’un lien réel entre collègues, fussent-ils à distance.
Un bel atout pour les séniors
Si le télétravail peut ouvrir des perspectives de vie professionnelle heureuse pour les personnes handicapées, il peut également représenter un bel atout pour les séniors.
“Je peux affirmer en tant qu’employeur et en tant que consultant, s’enthousiasme Olivier Brun, directeur associé du cabinet de conseil Greenworking, que le télétravail est une véritable chance pour les séniors et pour les entreprises. Ne serait-ce que parce qu’il est difficile de trouver des profils séniors à Paris et que l’option du télétravail permet d’envisager de recruter en région. Pour les séniors qui cherchent un emploi en province, où il y en a peu, c’est un accès à l’emploi démultiplié. Un élargissement virtuel des bassins d’emploi.”
D’après les études menées par Greenworking, le télétravail est tout aussi attractif pour les plus de 50 ans déjà en poste. Isabelle, la cinquantaine, travaille à distance de l’entreprise de télécom qui l’emploie, deux jours par semaine.
“Les avantages sont les mêmes avant ou après 50 ans, mais peut-être sont-ils encore plus appréciables pour les quinquas car le télétravail fait gagner du temps et de l’énergie. Faire l’économie, en Île-de-France notamment, de la contrainte très lourde des transports réduit nettement la fatigue. En travaillant chez soi, on échappe aussi aux perturbations sonores des open spaces, plus difficiles à supporter lorsqu’on n’a plus 20 ans : c’est une vraie chance de pouvoir se concentrer et donc travailler correctement.”
Travailler chez soi est aussi pour certains la possibilité d’effectuer une transition douce entre la vie active et la retraite. “Il est vrai que l’arrêt de son activité peut être très brutal”, commente Isabelle. “Du jour au lendemain, on n’a plus d’obligations, plus d’horaires à respecter : le télétravail permet de se réapproprier l’espace familial, son quartier, son temps libre. On enclenche ainsi de nouvelles habitudes. En faisant l’économie du temps de transport, on peut en effet décider en fin de journée d’aller au cinéma, ou de faire du sport : l’occasion de se demander ce qu’on a envie de faire quand on a du temps…”
Cet article a été rédigé dans un cahier spécial sur “La révolution du télétravail” pour Malakoff Humanis, dans le cadre de leur projet web éditorial Le comptoir de la nouvelle entreprise.