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Sport for Future : quand les athlètes de haut-niveau s’éduquent sur le climat

Face à l’urgence climatique, les sportifs de haut niveau prennent conscience de leur rôle et de leur influence pour sensibiliser le public aux enjeux environnementaux. Cette semaine, du 30 septembre au 3 octobre, à Chamonix, une douzaine d’athlètes, parmi lesquels figuraient des médaillés olympiques et paralympiques, se sont réunis pour s’éduquer au changement climatique et réfléchir à la manière dont ils peuvent agir dans le cadre de Sport for Future.

Organisé par le collectif Sport for Future, cet événement – qui en est à sa troisième édition – avait pour objectif de former les sportifs aux questions climatiques afin qu’ils deviennent des ambassadeurs éclairés de la cause environnementale. Au programme : conférences avec des experts en climatologie, ateliers pratiques sur la réduction de l’empreinte carbone, prises de mesure de la fonte des glaciers sur la Mer de Glace et discussions sur les actions concrètes à mener dans le monde du sport.

L’ancien champion de 800 mètres Pierre-Ambroise Bosse, Angèle Hug, médaillée d’argent en kayak cross à Paris 2024, le plongeur Alexis Jandard, la biathlète triple médaillée olympique des Jeux de PyeongChang, Anaïs Bescond, Nélia Barbosa, vice-championne paralympique de paracanoë, Florian Grengbo, cycliste de vitesse sur piste, médaillé de Tokyo, etc. ont pris part à l’événement.

Des bilans carbone aggravés par les déplacements en avion pour les compétitions

Parmi les participants, le triple vainqueur de l’Ultra-Trail du Mont-Blanc, Xavier Thévenard, a exprimé son engagement profond et de longue date sur la question. Très transparent sur son bilan carbone, il l’estime à 5-6 tonnes par an, quand la moyenne française tourne autour de 9,9 tonnes de CO2eq. Un autre sportif estime être à 9 tonnes annuelles, “mais 16 tonnes en prenant en compte les déplacements en avion pour les compétitions.” De plus en plus d’exemples émergent d’athlètes limitant le nombre de vols annuels pour réduire leur empreinte. Certains sportifs ont même décidé de carrément arrêter leur carrière de haut-niveau pour cette raison.

C’est le cas de Innes FitzGerald, jeune prodige britannique du demi-fond. À seulement 16 ans, elle a demandé en 2023 à sa fédération de ne pas la sélectionner pour les Championnats du monde de cross en Australie. “Il est essentiel que nous, athlètes, comprenions les enjeux pour pouvoir transmettre un message fort. Chacun doit faire sa part du colibri, apporter sa petite goutte d’eau et tenter d’inspirer les autres, pour espérer éteindre le feu”, explique Xavier Thévenard, qui refuse désormais de prendre l’avion. Avec son manager Thomas Michaud, il a animé cette semaine la fresque du climat qu’ont réalisée la douzaine d’athlètes réunis à Chamonix.

Aidé par Xavier Thévenard, au fond en t-shirt blanc, les athlètes réalisent une fresque du climat pour prendre conscience des grands enjeux pour la planète. Crédit : Florence Santrot.

Les 6 000 pages du rapport du GIEC résumées en un jeu

Ces sessions d’éducation permettent aux athlètes de mieux comprendre l’impact du réchauffement climatique sur leur discipline. “La fresque, c’est ni plus ni moins que les 6 000 pages du rapport du GIEC résumées et présentées de manière ludique, résume Thomas Michaud. Les sports de plein air sont particulièrement affectés par les changements environnementaux. La fonte des glaciers, l’augmentation des températures et les événements météorologiques extrêmes modifient les conditions de pratique et mettent en danger les écosystèmes. Nous devons en avoir conscience et agir.”

En se formant, les sportifs peuvent adapter leurs pratiques quotidiennes et promouvoir des initiatives écologiques. Certains envisagent déjà des déplacements plus responsables, la réduction de l’utilisation de plastiques à usage unique ou encore le soutien à des projets de reforestation. Pierre-Ambroise Bosse, jeune retraité de la piste, a créé cette année son association The Clean Project qui ambitionne de créer un festival pour l’environnement. En 2019, Mathieu Navillod, ancien membre de l’équipe de France de ski freestyle, a créé “Une bouteille à la mer”, association qui encourage le grand public à protéger les écosystèmes.

Sur la Mer de Glace, ils ont pris la mesure de l’impact du réchauffement climatique sur les glaciers. Crédit : Florence Santrot.

Utiliser sa plateforme et sa notoriété pour inspirer des changements positifs

Quels leviers d’action ont les sportifs ? Pour éveiller les consciences sur l’urgence climatique, les deux organisateurs de Sport for Future, Armelle Courtois et Martin Thomas – deux anciens athlètes de haut-niveau en kitesurf – veulent faire comprendre aux sportifs qu’ils peuvent être des porte-voix très utiles pour la planète. Leur notoriété est précieuse pour amplifier les messages sur les bouleversements actuels auprès de leurs communautés.

La difficulté est que les sportifs ont parfois du mal à oser porter des messages, sur les réseaux sociaux notamment, par peur des critiques. “Nous ne sommes pas toujours exemplaires, ce n’est donc pas facile de prendre position”, explique une des sportives présentes lors de la troisième édition de Sport for Future. Thomas Michaud conseille de tourner les choses autrement : “L’idée n’est pas d’être donneur de leçon mais de montrer qu’au quotidien, on peut agir. Montrer une assiette végétarienne sur Instagram, expliquer qu’on prend le train pour se rendre à une compétition… cela permet de faire comprendre que tout cela est possible. Et pour tout le monde, athlète ou non.”

Au pied du glacier des Bossons, le glaciologue Jean-Baptiste Bosson (en jaune) explique tout l’intérêt des écosystèmes “post-glaciaires”, qui émergent lors du retrait de la glace. Ces zones doivent être préservées à tout prix. Crédit : Sport for Future.

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