Partager la publication "Sur l’île de Sumatra, Farwiza Farhan est en guerre contre les producteurs d’huile de palme"
Les adversaires de la nature sont prévenus, Farwiza Farhan se trouve sur leur chemin. HAkA est là. Donner à sa fondation le nom d’une danse chantée pour impressionner les adversaires est lourd de signification. Telle une guerrière, la biologiste veille sur son île de Sumatra. Sur cette grande île indonésienne, à l’ouest de Java, la forêt est victime des producteurs d’huile de palme.
Tout a commencé par une rencontre dans la jungle. Elle a eu un coup de cœur pour un bébé orang-outan qui se balançait de branche en branche sous l’œil attendri de sa mère. Après un diplôme en biologie marine et une maîtrise en gestion de l’environnement, Farwiza commence par travailler dans une agence gouvernementale dédiée à la protection de la biodiversité. Puis elle décide de voler de ses propres ailes en fondant HAkA.
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« Les rivières de la forêt de l’écosystème de Leuser [à Sumatra] s’apparentent au sang qui coule dans nos veines », explique Farwiza Farhan. Sa voix est douce mais on sent la colère rentrée, cette colère « qui peut pousser les gens à agir ». C’est ce tempérament de feu qui lui a permis, en 2016, de gagner un procès qui paraissait perdu d’avance. Elle a fédéré les représentants des villages de Leuser. C’est le dernier endroit au monde où cohabitent tigres, rhinocéros, orangs-outans, éléphants et humains.
Elle leur a demandé de se départir quelque peu de leur machisme et d’inclure les femmes expertes en forêt. Ce sont elles qui se sont transformées en vigies pirates pour faire des rondes. Elles aident à localiser les braconniers et cartographier les coupes d’arbres illégales. Leur travail a mené à une plainte collective déposée contre PT Kallista, géant de l’huile de palme. Résultat : la justice a condamné la firme à payer 26 millions de dollars d’amende pour coupe illégale de bois. « Il n’y a pas mieux qu’un arbre pour capter le carbone et le retirer de l’atmosphère. Ça marche très bien depuis des millions d’années. »
Amoureuse de la nature, Farwiza Farhan croit en l’être humain pour changer le cours des choses. « Tous les hommes ne se laissent pas acheter. Le défenseur de l’environnement ne peut pas être un club exclusif. Il devrait inclure tout le monde de tous les horizons », précise-t-elle. Sur son site, il est indiqué en page d’ouverture que les habitants ont un rôle capital à jouer pour empêcher que leur environnement ne soit détruit.
L’ONG travaille également à prévenir les destructions liées à l’exploitation minière. Comment ? En aidant les communautés locales à développer des alternatives économiques qui ne dégradent pas la forêt.
Lauréate du prix National Geographic pour sa défense de la forêt, Farwiza s’attache maintenant à défendre un modèle économique qui préserve la biodiversité. « Même pas peur », semble dire l’activiste aux énormes intérêts économiques qu’elle menace.
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