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Un océan de vert : quand la mer change de couleur

Les océans changent de teinte. Une étude révèle que plus de la moitié de la surface océanique mondiale a subi une modification de couleur en deux décennies. C’est le signe debouleversements profonds dans nos écosystèmes marins.

Le 08/07/2024 par Florence Santrot
océan couleur verte
Des rayons du soleil traversent l'océan au milieu d'algues vertes. Crédit : VAWiley / iStock.
Des rayons du soleil traversent l'océan au milieu d'algues vertes. Crédit : VAWiley / iStock.

Vous êtes peut-être – sans doute même – passé à côté de cette lente évolution. Les océans changent de couleur. Selon une étude publiée dans Nature Communication, 56 % de la surface des océans a changé de couleur au cours des vingts dernières années. La modification n’est pas forcément visible à l’œil humain mais elle est pourtant bien réelle. Dans certaines régions du monde, le bleu des océans vire subtilement vers une nuance de vert, selon les résultats d’une analyse des données satellitaires collectées au cours des vingt dernières années.

Pour essayer de mieux comprendre le phénomène, il faut revenir à ce qui donne sa couleur à l’océan. Il faut savoir que la lumière du soleil parvient à pénétrer à environ 182 mètres dans les profondeurs des mers. Entre la surface et cette limite basse, au-dessous de laquelle l’obscurité est totale, les molécules d’eau absorbent toutes les couleurs… sauf le bleu. Mais cette couleur peut varier en fonction de la présence d’autres corps sous la surface de l’eau, comme le phytoplancton, des animaux, des algues, etc. Cette évolution est donc la traduction de l’impact du dérèglement climatique sur les océans.

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50 nuances de plancton… mais pas que

Pour la variation de la couleur, c’est principalement du côté du plancton qu’il faut regarder. L’ensemble des végétaux et animaux aquatiques qui dérivent au gré des courants subit de plein fouet le réchauffement climatique. À la base de tout le système alimentaire marin, sa densité et sa répartition ont nettement changé ces deux dernières décennies. Selon les scientifiques, le plancton végétal, ou phytoplancton, a tendance à diminuer en raison de la hausse des températures de l’eau.

Or, le phytoplancton contient de la chlorophylle, pigment qui absorbe les rayons du soleil pour la photosynthèse. Les zones les plus riches en phytoplancton apparaissent ainsi comme les plus vertes en raison de cette chlorophylle. A contrario, quand sa densité baisse, on constate une augmentation des débris en suspension (principalement algues et animaux microscopiques) qui peuvent assombrir la couleur générale.

Mais le plancton n’est sans doute pas seul en cause. La surpêche, qui déséquilibre les écosystèmes marins, pourrait aussi jouer un rôle dans ce phénomène. La pollution par les pesticides – en particulier les nitrates et phosphates qui ruissellent des cultures agricoles jusqu’à la mer – est une autre possible cause de ces changements de couleur. Enfin, la hausse des températures y participe. Elle accentue la stratification de l’océan, avec couches chaudes et froides, entre lesquelles les échanges se font plus rares.

Réchauffement climatique : quand la couleur de l’océan se polarise

Les experts cherchent encore à comprendre exactement pourquoi la couleur des océans a évolué ces dernières décennies. Selon l’étude, d’ici 2100 et si les émissions de gaz à effet de serre continuent à ce rythme, les zones subtropicales les plus bleues de l’océan pourraient devenir encore plus bleues. Les zones les plus vertes, qui sont davantage situées le long de l’équateur et autour des pôles, deviendraient toujours plus vertes. Tout cela en raison de la concentration de phytoplancton qui évolue dans certaines zones davantage qu’ailleurs avec le réchauffement climatique. Les principales modifications se situent dans les eaux tropicales et subtropicales entre 40 degrés Sud et 40 degrés Nord.

Pour affirmer cela, l’étude s’est appuyée sur les données satellitaires obtenues grâce à différents instruments dont le spectroradiomètre imageur à moyenne résolution (MODIS) embarqué sur le satellite Aqua de la NASA, l’agence spatiale américaine. Cet outil est capable d’analyser les longueurs d’onde lumineuses réfléchies par l’océan. Des changements extrêmement subtils qui ne sont pas nécessairement visibles à l’œil humain mais qu’il importe de surveiller de près sur le long terme.

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