Découvrir  > Un site qui dévoile les coins à champignons, miracle ou sacrilège ?

Written by 6 h 26 min Découvrir, Tech-Sciences

Un site qui dévoile les coins à champignons, miracle ou sacrilège ?

Une nouvelle application web dévoile les meilleurs coins à champignons, bousculant les traditions.

Le 16/09/2024 par Florence Santrot
cèpe en forêt
À l'arrivée de l'automne, la chasse aux cèpes et autres champignons comestibles passionne de nombreux Français. Crédit : Mypurgatoryyears / iStock.
À l'arrivée de l'automne, la chasse aux cèpes et autres champignons comestibles passionne de nombreux Français. Crédit : Mypurgatoryyears / iStock.

On ne donne pas ses coins à champignons… et pourtant. Le site Chasseurdechampignons.com promet que vous trouverez « les meilleurs coins à champignons, près de chez vous ». Sacrilège ? La cueillette de champignons est une tradition bien ancrée en France. Difficile de savoir quelle proportion de Français s’adonnent à cette activité automnale et quel poids ils ramassent en moyenne. D’après la loi, la limite est de cinq kilos de champignons par personne et par jour… encore faut-il les trouver !

Cèpes, chanterelles, pieds de mouton, girolles, morilles… l’engouement des Français pour ces délices forestiers est réel et leur « chasse » connaît même un regain d’intérêt depuis le Covid. C’est en effet un bon prétexte pour passer du temps en forêt. Dans ce contexte, l’émergence d’une plateforme dévoilant les spots mycologiques suscite à la fois curiosité et controverse. Chasseurdechampignons.com se présente comme un outil innovant, cartographiant les lieux propices à la cueillette sur l’ensemble du territoire français.

Personne n’a donné ses coins à champignons et pourtant…

Pas de balance parmi les cueilleurs, l’application web a fait travailler un algorithme sur la base d’informations fournies par des experts en mycologie, la science qui étudie les champignons et les lichens. En France, on distingue environ 1 500 espèces de champignons différents, dont une centaine sont comestibles. Vénéneuses ou non, ces sortes de plantes ont besoin de conditions bien précises pour pousser. C’est ainsi qu’en fonction des types d’arbres, de l’acidité du sol, de l’altitude, du niveau d’exposition au soleil, un calcul estime la probabilité d’un biotope favorable ou non dans telle ou telle zone de la France où des champignons ont le plus de chance de se développer.

Chasseurdechampignons.com identifie donc des environnements favorables mais ne peut en aucun cas garantir à 100 % la présence ou non de champignons. En revanche, en ajoutant une couche d’informations météorologiques, juste après une période d’averses suivie de températures clémentes par exemple, le site est capable de prédire si, dans un lieu déterminé, des champignons ont de fortes chances d’avoir poussé ces derniers jours. Mais tout cela a un coût.

Les coins à champignons, un vrai business

Pour s’affranchir du bouche à oreille ou des bons conseils – fiables – des habitants du coin, Chasseurdechampignons.com semble une réponse intéressante. Quelque 200 000 personnes ont déjà rejoint la communauté sur Facebook. Mais pour accéder aux cartes interactives, il faut payer : carte des morilles (48€ par an), carte des cèpes et girolles (48€ par an) ou encore « l’abonnement passion » (48€ puis 5 € par mois). Cette dernière formule inclut la recherche avancée et les alertes des meilleurs moments pour la cueillette. À la clé, des cartes interactives qui fonctionnent sur le même principe que Google Maps, Apple Plans ou encore Mappy.

La création de ce service a reçu un accueil mitigé de la part des cueilleurs pour qui l’idée de dévoiler les coins à champignons est une hérésie. Pourtant Jordan Monnot, le créateur des cartes, ingénieur de formation et grand amateur de champignons, n’en démord pas : il respecte l’esprit de cette « chasse » en pleine nature. « Il n’y a jamais de certitude d’en trouver, donc on conserve cette excitation de la chasse aux champignons. Ce n’est pas un outil de consumérisme mais un outil de découverte », a-t-il assuré au Figaro. Selon lui, ses cartes permettent de « multiplier par 10 » les chances de trouver des champignons comestibles.

Quant aux messages révoltés postés sur les réseaux sociaux, Jordann Monnot explique qu’il désamorce bien souvent le problème en expliquant sa démarche : « Ils comprennent que je n’ai pas donné leur coin, je donne seulement des données sur le biotope, je ne vole rien à personne. » 

SOUTENEZ WE DEMAIN, SOUTENEZ UNE RÉDACTION INDÉPENDANTE
Inscrivez-vous à notre newsletter hebdomadaire
et abonnez-vous à notre magazine.

A lire aussi :