Partager la publication "Under The Pole : explorer les forêts marines animales des Antilles avec une capsule submergée"
Under The Pole refait surface. Dans le cadre de leur programme d’exploration et de recherche scientifique, les français Emmanuelle et Ghislain Bardout étaient de passage à Paris ce jeudi 12 janvier 2022 pour faire le point sur leurs projets actuels et à venir et présenter leur toute nouvelle caravane à visée pédagogique. Leur mission a débuté il y a quinze ans, après avoir travaillé aux côtés de Jean-Louis Étienne. Le programme Under The Pole, soutenu notamment par Rolex et la Région Bretagne, a pour ambition de mixer leur passion pour la plongée, les océans, les régions polaires et la recherche scientifique.
Groënland, Svalbard, Canaries… à bord de leur bateau Why, ils sillonnent les mers. Parmi les expéditions, leur séjour en Polynésie française non loin de Moorea a permis à l’équipe d’effectuer quelque 1000 plongées profondes autour de 12 îles (24 sites) sur 14 mois, dont une partie jusqu’à 120 mètres de profondeur. À la clé, de nouvelles découvertes scientifiques sur les coraux. “Nous avons constaté que la plus grande diversité des coraux se situait entre 40 et 60 mètres de profondeur et non en surface comme on le pensait jusqu’à présent”, note Ghislain Bardout. Prochain objectif : confirmer plusieurs hypothèses scientifiques en analysant la vie sous-marine aux Antilles.
Pour accompagner ce quatrième volet depuis la création d’Under The Pole, Emmanuelle et Ghislain Bardout s’entourent d’une solide équipe scientifique. Parmi eux, Lorenzo Bramanti, chercheur au CNRS à Banyuls-sur-Mer. Il codirige cette mission DeepLife avec Laetitia Hédouin, chercheuse au CNRS et spécialiste des récifs coralliens en Polynésie française.
“Nous nous sommes aperçus au cours de nos explorations qu’il existait des forêts sous-marines. Elles sont différentes de celles présentes sur Terre en ce sens qu’il s’agit de forêts animales, constituées par exemple de coraux. Généralement, elles possèdent des populations variées. On les appelle des forêts car elles possèdent un écosystème et des caractéristiques propres. Comme des courants spécifiques. Au cours de nos explorations, nous avons établi plusieurs hypothèses que nous voulons maintenant confirmer en explorant les forêts marines sous différentes latitudes et dans différents océans”, explique Lorenzo Bramanti.
La difficulté des plongées est qu’elles sont minutées et que les plongeurs sont en permanence dans l’action. Ghislain Bardout a donc imaginé une capsule que l’on peut immerger et dans laquelle deux plongeurs peuvent se reposer entre deux sessions, sans avoir à remonter à la surface. En Polynésie, cette capsule a été placée à 20 mètres de profondeur. Le mélange gazeux des Bouteilles de plongée et de l’intérieur de la capsule permettaient aux plongeurs de sortir explorer les environs à 15 mètres au-dessus et 15 mètres en dessous.
Au début de l’expérimentation, les plongeurs ont pu rester 24 heures dans la capsule. L’expérience étant satisfaisante, l’équipe a ensuite pu réaliser des sessions tournantes de 3 jours par équipe de deux. “Rester plusieurs jours sous le niveau de la mer, c’était un rêve d’enfant qui est devenu réalité. Avoir le temps, depuis la capsule, de juste se poser et d’observer la vie sous-marine, c’est assez magique et c’est quelque chose que nous ne pouvons pas faire quand nous sommes en plongée habituellement”, explique Ghislain Bardout.
Pour poursuivre leur programme et bénéficier de conditions plus adaptées à leurs ambitions, l’équipe d’Under The Pole a imaginé un bateau pensé sur-mesure pour leurs expéditions sur tous les océans et les recherches scientifiques à réaliser à bord. Ce navire, qui sera baptisé Why Not, nécessitera 8 millions d’euros pour voir le jour. Les plans ont déjà été dessinés à Concarneau, le port d’attache d’Under The Pole, et la construction aura lieu au Vietnam pour des questions de coûts.
Mais pour voir le jour, Under The Pole doit avant tout convaincre de nouveaux sponsors de rejoindre l’aventure. “Notre budget annuel est d’environ 1,3 millions d’euros par an. Il faudrait passer à 2,3 millions par an pour financer le Why Not. Cela nous permettrait d’avoir davantage de de personnes à bord – 18 au lieu de 14 –, de disposer de deux laboratoires scientifiques sur le bateau et d’embarquer aussi deux capsules d’immersion prolongées”, détaille Ghislain Bardout. Avec deux capsules placées à différents niveaux de profondeur, les plongeurs pourraient ainsi passer plusieurs jours en immersion profonde avec, à la clé, sans doute encore de nouvelles découvertes scientifiques.
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