Une cuisine 100 % saine : “Il ne faut pas tout vouloir changer d’un coup”

Bisphénol A, Téflon, silicone… Autant de produits toxiques qui rôdent dans nos cuisines. Mais il n’est pas toujours évident de savoir exactement où ils se trouvent et comment les éliminer.
 
Dans son ouvrage Opération détox dans ma cuisine, Romain Morlot livre des conseils pour savoir quels ustensiles utiliser, quels types de cuisson privilégier et comment conserver ses aliments sans danger. 

We Demain : Comment en êtes-vous arrivé à écrire ce livre ? 
Romain Morlot : J’ai créé le site La santé dans l’assiette en 2012, et j’ai commencé à réaliser un dossier sur le plastique et les contenants alimentaires. Mes recherches se sont basées sur de nombreuses sources : des études, des blogs, des sites gouvernementaux, des documentaires… Mais aussi des figures comme Thierry Souccar ou le Professeur Henri Joyeux. Les éditions Eyrolles m’ont ensuite contacté pour que je réunisse tout ça dans un livre. 
Me concernant, ça a été un travail de plusieurs années pour avoir une cuisine saine. Aussi bien pour l’alimentation, que les ustensiles ou la cuisson. On ne peut pas tout changer du jour au lendemain. 

Quelles sont les éléments les plus toxiques dans notre cuisine ?
Les ustensiles les plus toxiques sont ceux à base de Téflon, notamment les poêles. Mais il y a aussi tous les objets en plastique ou aluminium. En fait, sous le téflon il y a généralement de l’aluminium. Le problème c’est que c’est une matière qui migre et qui se retrouve dans les aliments.
Ces poêles peuvent donc devenir dangereuses en fonction du traitement qu’on leur inflige. Le problème apparait  quand il y a une rayure et que l’aluminium entre en contact avec les aliments. Il faudrait changer les poêles dès qu’elles sont rayées…

Par quoi les remplacer ?
Pour avoir une cuisine plus saine, il faut remplacer ces ustensiles par des matériaux neutres. Remplacer la poêle en Téflon par une en inox ou en fonte par exemple. C’est un investissement sur le long terme et pour sa santé aussi. En plus, ces matériaux ne se dégradent pas, on peut donc les garder très longtemps.
 
Et concernant nos habitudes ?
D’un côté il faut éliminer certains produits, mais surtout adopter les bons gestes. Le plastique par exemple, on peut en garder mais il ne faut jamais qu’il soit en contact avec des aliments chauds ou acides. Sinon, c’est là qu’il devient toxique.
Notre manière de cuisiner est aussi importante. Il y a des cuissons beaucoup plus nocives que d’autres. Comme celles à la poêles, la friture, au four… Il ne faut pas cuire les aliments à une température trop élevée. Il vaut mieux privilégier la cuisson à l’eau ou à la vapeur, beaucoup plus saines. 
Il ne faut pas non plus bannir les autres modes de cuisson à 100 %, sinon on enlève le facteur plaisir et ce n’est pas le but. 

Que conseillez-vous à quelqu’un qui voudrait avoir une cuisine plus saine ?
Il ne faut pas vouloir changer tout d’un coup, sinon on se sent vite débordé et découragé. Il faut remplacer petit à petit, tous les ustensiles. On peut facilement remplacer les boîte en plastique par des bocaux en verre, ça ne coûte pas très cher.
Après, au fur et à mesure, on investit dans des poêles en fonte par exemple. 
 
Une cuisine 100 % détox c’est possible ?
100 % je ne pense pas, mais à 95 % c’est déjà bien. Par exemple, rien que dans une baguette de pain il y a de l’acrylamide dans la croûte. (NDLR : un produit potentiellement cancérigène que l’on retrouve notamment dans les frites et le café). Mais ce n’est pas une raison pour s’en passer. Le plus simple à éliminer, c’est tout ce qui est matériel. Changer ses habitudes, ça demande plus de temps. 

Opération détox dans ma cuisine
Romain Morlot
Éditions Eyrolles
17,90 €
Date de parution : 26 octobre 2017

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