Vacances d’hiver : 5 conseils pour skier plus écolo

Poudreuse immaculée, ciel bleu et soirées au coin du feu. Les séjours à la montagne sont un bol d’air pour ceux qui peuvent se les offrir, moins pour l’environnement. En cause, la pollution automobile, les remontées mécaniques, la neige artificielle, les déchets abandonnés…

Ces pollutions contribuent aussi au réchauffement de la planète, que les massifs subissent de plein fouet. Météo France recense 5 jours de neige en moins tous les dix ans depuis 1960 en moyenne montagne (1 300 m). Résultat, des petites stations ferment, et des emplois locaux disparaissent. Domaines Skiables de France a d’ailleurs lancé en novembre un appel à la mobilisation générale pour la préservation des massifs français.

Ski et écologie sont-ils définitivement incompatibles ? “C’est une des schizophrénies de nos sociétés, j’adore les sports d’hiver, mais je ne sais pas si mes enfants pourront les pratiquer”, reconnaît Camille Rey-Gorrez, présidente de l’association de sensibilisation au développement durable Mountain Riders. Qui souligne toutefois des avancées.

Des stations et des amoureux de la montagne se mobilisent et agissent pour réduire leur empreinte écolo. Voici cinq pistes pour skier autrement.

1. Choisir une station labellisée

En 2011, Mountain Riders a lancé le“Flocon vert” qui récompense les stations ayant une réelle politique de développement durable. Pour l’obtenir, elles doivent remplir plus d’une vingtaine de critères portant sur la mobilité, l’énergie, les bâtiments, les déchets ou le respect de la biodiversité.

Sept destinations l’ont pour l’instant décroché : les Rousses (Jura), la Vallée de Chamonix, Châtel (Haute-Savoie), La Pierre Saint-Martin (Pyrénées-Atlantiques), Chamrousse (Isère) et Valberg (Alpes-Maritimes). Megève, dans le massif du Mont-Blanc, est la dernière décorée en janvier 2020.

D’autres stations font aussi des efforts, comme Serre-Chevalier (Hautes-Alpes) qui produira d’ici 2022 l’équivalent de 30 % de sa consommation électrique, en mixant le photovoltaïque, le petit éolien et l’hydroélectricité.

“Depuis trois ans, on assiste à une prise de conscience dans toutes les stations de la nécessité de changer de modèle, mais la plupart se demandent encore que faire ou lancent des actions ponctuelles, alors qu’il faut désormais des plans coordonnés qui impliquent tous les acteurs locaux”, analyse Camille Rey-Gorrez.

Les Trophées Cimes durables récompensent aussi tous les deux ans des projets innovants dans les stations. En 2018, Chamrousse, Combloux, Font-Romeu et Les Houches avaient été récompensées.

2. Se déplacer en transports en commun

Cette question est cruciale car, selon l’association Mountain Riders, 57 % des émissions de gaz à effet de serre d’une station de montagne sont liées aux déplacements des vacanciers de leur résidence jusqu’à leur destination. Une bonne raison de laisser la voiture au garage (sans compter les galères liées aux embouteillages ou au verglas). Surtout si l’on est seul.

“Pour les familles, c’est un peu plus compliqué, mais au moins peuvent-elles oublier leur voiture pendant le séjour car de plus en plus de stations proposent des transports collectifs gratuits.”

Megève a mis en place des navettes électriques gratuites. Valberg a lancé un service d’autopartage de véhicules électriques. Dans les Pyrénées, la vallée de Louron et la station de Peyragudes sont désormais reliées grâce au “Skyvall”, un téléphérique qui parcourt 3 kilomètres en moins de 9 minutes. De quoi économiser 89 000 trajets en voiture par an.

Sachez aussi que l’association internationale Mountain Wilderness propose une collection de brochures présentant des idées de sorties en montagne sans voiture. Et 15 000 itinéraires de montagne accessibles en transports en commun (randos à pieds, en raquette, à ski, escalade…).

3. Tester les raquettes et respecter la nature

Et si vous variez les plaisirs cet hiver ? Testez le ski de fond ou les raquettes, des sports qui ne nécessitent pas d’installations mécaniques. Tout en restant sur les pistes balisées, mais sans perturber la faune et la flore. Si vous vous aventurez sur des sentiers plus sauvages, renseignez-vous sur les lieux d’hivernage des animaux, un chamois effrayé risque de s’épuiser en fuyant”, rappelle Camille Rey-Gorrez.

Ne pas jeter ses déchets dans la neige semble aussi évident… mais plus de 150 tonnes d’ordures sont encore abandonnées en montagne chaque année selon Mountain Riders, qui a pu ramasser jusqu’à 30 000 mégots sous une remontée mécanique d’une dizaine de sièges !

Côté alimentation, la station de Valberg propose désormais des repas à emporter dans des emballages consignables. La Pierre Saint-Martin, elle, a troqué sa supérette contre un magasin de producteurs locaux. Châtel, de son côté, encourage les séjours et les dégustations à la ferme.

4. Choisir du matos écolo

Côté équipement, privilégiez l’emprunt ou la location si vous êtes un skieur occasionnel. Sachez aussi que des boutiques, comme les Recycleries sportives, proposent du matériel de seconde main à petit prix.

Pour les skieurs réguliers, de nombreuses marques se tournent désormais vers des éco-matériaux : snowboard en bambou, skis en fibres de lin, doudounes compostables ou en matières naturelles…

Pour plus d’infos, Mountain Riders met régulièrement à jour son écoguide du matériel de montagne.

5. Ramassage de déchets

Enfin, les plus motivés peuvent s’engager dans des actions bénévoles, comme le ramassage de déchets en montagne. L’an passé, 6 000 participants ont récolté 25 tonnes d’ordures dans lors des Mountain days, de mai à septembre.

L’antenne française de l’association Mountain Wilderness organise pour sa part des opérations de démontage d’installations obsolètes.

Dans tous les cas, vacanciers et stations devront demain évoluer. Il faut sortir du tout ski, et rendre la montagne attractive toute l’année, en diversifiant ses activités, comme le font déjà des stations de moyenne montagne, plaide Camille Rey-Gorrez.

Amoureux des montagnes, pensez donc aussi à la randonnée et au kayak cet été !

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