Pouvez-vous nous rappeler les fondamentaux d’Ashoka ? Ashoka est une organisation qui génère de l’impact social à grande échelle à travers trois activités principales. Identifier des entrepreneurs sociaux innovants et les accompagner pour qu’ils passent à la vitesse supérieure. Combiner les forces de l’entreprenariat social et de l’entreprise classique pour inventer des solutions hybrides et ambitieuses. Travailler sur le changement culturel et générer une appétence pour le changement, notamment avec les plus jeunes.
Dans quel but avez-vous imaginé Ashoka Changemaker’s week ? Ashoka identifie et accompagne des entrepreneurs sociaux depuis 30 ans. Nous avons constitué un réseau de près de 3 000 d’entre-eux. Cette semaine est une façon de redessiner les frontières du secteur pour éviter de fonctionner en silot fermé. Il s’agit de favoriser la coopération, développer la culture de la prise de risque, en accord avec la phrase de Gandhi, « soyez le changement que vous voulez voir dans le monde. » Il faut que chacun se sente acteur du changement.
Sur quels types de collaborations ont débouché les précédentes éditions ? Nous avons pu initier il y a trois ans un partenariat avec Boehringer Ingelheim. Ce laboratoire pharmaceutique a compris que travailler avec des entrepreneurs sociaux était une façon de comprendre les besoins des personnes les plus démunies. Grâce à leur connaissance du terrain, les entrepreneurs que nous suivons ont pu en quelque sorte faire progresser la recherche et développement du groupe pharmaceutique, en leur montrant les tendances des populations les plus pauvres. C’est un bel exemple de convergence entre social et business et cela montre qu’il est possible de marier les compétences des uns et des autres.
Quel regard portez vous sur l’entreprenariat social en Europe, et en France plus particulièrement ? Le vieux-Continent a été lui aussi submergé par la vague mondial de l’entreprenariat social. Mais je pense qu’une tendance à trop vouloir légiférer et faire rentrer les projets dans des boites – comme avec la loi sur l’économie sociale et solidaire – est nuisible en France. L’entreprenariat social est plus un état d’esprit, une façon de voir le monde, qu’une forme juridique d’entreprise en particulier. Avec ce genre de lois, on risque de cantonner la fiscalité favorable à quelques « happy fews » qui ont les bons statuts. Nous sommes plus favorables à la création d’indicateurs d’impact social qui permettent d’évaluer à posteriori le travail des entrepreneurs sociaux.
Quels seront les moments forts de cet événement ? Le 12 au soir sera un moment important avec les Ashoka Talks qui réuniront sept entrepreneurs sociaux, et des leaders décidés à résoudre les problèmes de société. Ainsi, Ignace Schops, qui a transformé la partie nord de la Belgique, rongée par le chômage depuis l’arrêt de ses mines. L’homme a lancé un parc naturel pour mettre en valeur l’environnement, ce qui a permis de créer des jobs et une dynamique territoriale. Il a remporté le prix Nobel de l’environnement en 2009. Il y aura également Arnoud Raskin, qui a lancé un concept novateur d’écoles mobiles pour les enfants des rues et qui œuvre aujourd’hui à développer la créativité dans les entreprises.
Vendredi 13 Juin, 500 participants et acteurs du changement se réuniront pour pour dessiner le futur de l’entrepreneuriat social en France et engager des pionniers dans l’action à la Cité Universitaire de Paris. Michel Jolin, la conseillère en innovation sociale de Obama, sera présente !
Plus d’informations sur cet événement sur le site Ashoka Changemaker’s week
Côme Bastin
Journaliste We Demain
Twitter : @Come_Bastin