Et le continent à la croissance la plus forte est… l’Afrique !

Je suis le continent affichant la croissance la plus rapide du monde. Entre 2002 et 2012, mon PIB a été multiplié par quatre et j’ai accueilli cinq fois plus d’investissements étrangers. Leader mondial du paiement par téléphone mobile, ma population active dépassera l’Inde et la Chine en 2035. Je suis, je suis… l’Afrique !

Si cette réponse vous surprend, jetez donc un œil au dernier rapport de la Banque Africaine de Développement (BAD). Il dresse un bilan très positif du développement en Afrique ces dernières années, et souligne son immense potentiel pour le siècle en cours. Certes, les inégalités sont encore criantes et les défis nombreux. Mais l’Afrique est bien en passe de devenir le nouvel eldorado mondial.
 
Oubliez l’Asie
 
C’est l’info la plus marquante de l’étude : avec une croissance estimée à 6,3% en 2013 (contre 5,8 en Asie), le continent Africain est devenu le plus dynamique de la planète. Il abrite treize des vingt pays au monde ayant connu la croissance la plus rapide en 2012. Certains, comme le Ghana ou l’Ethiopie affichent même une croissance à deux chiffres.

Bon nombre de pays autrefois instables ont aujourd’hui réussi à installer une gouvernance durable qui favorise le climat des affaires. À l’image de l’Angola, qui, après quarante ans de guerre civile, se prépare à ouvrir sa propre place boursière. Monter une entreprise en Afrique coûte aujourd’hui quatre fois moins cher et prend deux fois moins de temps qu’il y a 10 ans. Et si les investisseurs s’y précipitent, ce n’est pas tant pour produire à moindre coût que pour la manne de sa demande intérieure. Car avec un commerce intra-africain qui pèsera probablement 1 000 milliards de dollars en 2020 (contre pour 108,4 aujourd’hui) et une classe de consommateurs émergente, l’Afrique sera demain un marché incontournable.

« L’Afrique se relève ! L’Afrique est en transition ! L’Afrique continue de s’engager dans ces processus qui mèneront à la rationalisation de ses propres ressources naturelles, à la transparence, à la réciprocité et à la responsabilité. » Ellen Johnson Sirleaf, Présidente de la république du Liberia et première femme élue au suffrage universel à la tête d’un État africain.

La croissance d’accord, mais laquelle ?
 
Si la croissance est bien là, tout le monde n’en récolte pas les fruits. Pendant que les côtes de l’Afrique s’enrichissent et se modernisent, les terres rurales peinent à sortir de la misère. Dans les villes, l’utilisation d’Internet et du téléphone mobile explose littéralement. Dans les campagnes, à peine 10% des Africains ont accès à l’électricité. Une inégalité que l’indice de Gini – qui mesure les disparités de revenu – révèle dans le rapport : il est le seul voyant à être au rouge parmi 26 autres.
 
Aussi réjouissants soient-ils, ces chiffres doivent donc être compris au regard de l’important retard du continent sur le reste du monde. C’est à ce titre que le rapport de la BAD pose la question de savoir comment orienter cette croissance à venir. D’immenses chantiers attendent l’Afrique. Elle fait face au changement climatique comme aucun autre continent, doit préserver ses ressources hydrauliques et adapter son agriculture au réchauffement des températures. Il lui faut aussi réussir à fournir de l’énergie et des infrastructures aux millions d’urbains qui s’entassent dans ses villes. Face à ces défis, l’organisme est formel : c’est dans le développement durable que l’Afrique trouvera les meilleures perspectives sociales et économiques.

Car lorsque tout est à construire, tout peut être inventé. « Par rapport à d’autres régions plus développées, l’Afrique pourrait adopter directement de nouvelles technologies, plus durables écologiquement, qui profitent des meilleures innovations mondiales. » La BAD estime que l’Afrique aurait tout intérêt à entrer dans le troisième millénaire sans passer par la case XXè siècle. « Si l’investissement dans une infrastructure durable et résistante au climat exige des dépenses initiales importantes, il s’avèrera très rentable à long terme. »

Solaire et éolien au Nord et au Sud, hydraulique au centre, géothermie à l’Est… le potentiel d’énergie propre et bon marché en Afrique est immense. Au continent de savoir s’en saisir, afin d’éviter les erreurs de développement commises par le reste du monde. Et de gagner son indépendance.

 

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