Partager la publication "“L’économie circulaire, on commence comment ?”"
Une nouvelle exigence sociétale
Souvent initiés par des journalistes d’investigation, des ONGs ou des lanceurs d’alertes indépendants, ces éclairages encore trop peu nombreux permettent cependant de faire bouger significativement les lignes dans nos rapports de consommation. Ils font aujourd’hui commercialement la différence entre les marques qui ont compris et intégré dans leur stratégie d’entreprise ces enjeux et celles qui restent à la traine. Tout fabricant de téléphone portable qui se respecte doit avoir un point de vue sur la reprise de ses produits, son impact sur les ressources de lithium, la prévention de la toxicité du produit en utilisation et en fin de vie. Les meilleurs luttent même contre l’obsolescence programmée, proposent des réparations ou mises à jour supportées et garanties par le fabricant, comme en témoigne l’émergence d’un smartphone équitable et responsable, le fairphone (http://www.fairphone.com) actuellement en phase de souscription et disponible en fin d’année.
Un atout commercial
Pour certains, et en particulier les maisons de luxe, s’engager dans un processus d’économie circulaire est également un moyen de se différencier des marques de grande consommation, et de lutter contre la contrefaçon. Un beau sac à main ou un bagage devient ou redevient un bien patrimonial, que l’on transmet d’une génération à l’autre, que l’on répare (ou bien que l’on peut échanger sur un site en ligne ou dans une ressourcerie). Il est dès lors important de savoir que la boutique de la marque en prendra soin et le réparera si nécessaire, ce qui rend beaucoup moins séduisantes les contrefaçons, et permet de justifier un prix élevé en échange d’une vraie qualité et d’une longue durée de vie.
Les motivations écologiques et sociétales, comme la volonté de transparence et de responsabilité, sont aussi très présentes. On passe d’une économie de consommation effrénée, avec ses déchets et ses poubelles qui débordent, à une économie dont les mots-clés sont le partage, l’échange, le relationnel et les circuits courts. Sa mise en place fait maigrir les poubelles et libère les placards, tout en ouvrant la porte aux voisins. Elle donne une impression de sérénité, d’innovation, de responsabilité.
Une économie en construction
La transition des comportements vers l’économie circulaire n’est en aucun cas binaire, elle est progressive et incrémentale. Il n’y a pas d’un coté les adeptes effrénés de l’économie circulaire et les consuméristes de l’autre. Il y a une évolution progressive des comportements, le passage d’une ère de la propriété exacerbée à la découverte que la notion de propriété n’est pas si importante en soi, et ne conduit directement ni à la prospérité, ni au bonheur. Gardons ce caractère expérimental, cette volonté d’essayer, cette démarche à la fois pionnière, accessible à toutes et tous et que chacun s’approprie. C’est une démarche qui donne du sens à notre consommation, à notre rapport au travail et aux ressources, fossiles ou renouvelables, et finalement à nos vie. C’est enfin une démarche locale, fortement ancrée dans le territoire, qui peut supporter une vision politique et un projet prospectif, en ville comme à la campagne. Et qui, en tant que tel, à autant besoin d’être mise en visibilité par la Conférence Environnementale des 20 et 21 Septembre, qu’intégrée dans les politiques et investissements territoriaux, et portée par des consommateurs, des entrepreneurs et des ONGs. Une véritable co-construction.
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