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Agrimer : l’entreprise bretonne qui valorise les algues marines de façon durable

Plouguerneau (Finistère, 29), Bretagne – Fondée par la famille Prigent dans le nord Finistère, Agrimer est aujourd’hui un acteur clé dans la transformation des algues marines. “Nous sommes des récoltants et transformateurs d’algues marines”, résume André Prigent, actuel dirigeant de l’entreprise. Ancrée à Plouguerneau, à 45 minutes au nord de Brest, Agrimer valorise les ressources naturelles locales tout en s’adaptant aux défis écologiques actuels. “L’algue est un végétal extrêmement fragile, que nous devons transformer dans les 24 à 36 heures pour en conserver toutes les qualités intrinsèques”, précise-t-il.

Spécialisée dans les cosmétiques marins, cette société est labellisée EPV, Entreprise du Patrimoine Vivant. Cette reconnaissance de l’État distingue les entreprises françaises aux savoir-faire artisanaux et industriels d’excellence. Agrimer puise ses matières premières sur une étendue côtière allant de Roscoff à Molène, et mise sur des pratiques de récolte respectueuses de l’environnement. Une fois les algues transformées, les principes actifs extraits sont notamment intégrés dans des soins pour le corps puis vendus à des professionnels de la beauté (thalassothérapies et salons d’esthétique), en France comme dans le monde entier.

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Dans le laboratoire d’Agrimer, où les nouvelles formulations sont créées. Crédit : Jérémy Lempin/WD.

Agrimer : la beauté, mais pas que

L’entreprise emploie une centaine de salariés et se distingue par une approche innovante de la valorisation des algues. Le cœur d’activité d’Agrimer repose sur trois axes : la transformation des algues pour les industries alimentaires, agricoles et cosmétiques. “Nous avons créé une gamme de biostimulants foliaires [pulvérisés sur les feuilles des cultures, NDLR] pour nourrir les plantes et renforcer leurs défenses naturelles”, souligne André Prigent. Ces produits, utilisés dans l’agriculture, représentent 30 % de l’activité de l’entreprise et répondent à une demande croissante de solutions naturelles pour remplacer les pesticides et engrais chimiques.

Mais c’est la cosmétologie qui constitue l’essentiel de l’activité. Agrimer a développé des principes actifs brevetés et innovants pour la formulation de produits de beauté (200 crèmes et autres produits de soins corporels). “En outre, nos produits cosmétiques utilisent des solvants de dernière génération et des technologies vertes”, affirme André Prigent, soulignant l’engagement de l’entreprise pour une chimie durable.

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Les algues réduites à l’état de poudre. Crédit : Jérémy Lempin/WD.

Une chaîne de valeur ancrée dans le territoire

La proximité avec la ressource, les macro-algues, est essentielle pour Agrimer. “Cette ressource naturelle est principalement cueillie et récoltée à la main. Tout se passe au bord de mer ici et aux abords des côtes qui nous entourent”, précise André Prigent. Sollicitée il y a quelques années pour venir s’installée en périphérie de Brest, Agrimer a décliné l’invitation, préférant restée dans le nord finistérien, à 500 mètres du littoral, et y développer son activité en lien étroit avec les habitants.

L’entreprise a développé différents procédés de transformation pour valoriser au mieux les algues : déshydratation, broyage en différentes granulométries, extraction de molécules actives… Elles deviennent ensuite des des paillettes, des feuilles, de la poudre ou sont micronisées. Agrimer emploie aussi quelques dizaines de personnes pour préparer les poudres et crèmes puis les emballés avant expédition chez les clients BtoB. Agrimer a en effet ceci de particulière qu’elle maîtrise toute la chaîne de valeur, de la réception des algues fraîches – 4 000 tonnes par an – jusqu’à l’embouteillage des crèmes, leur emballage et leur mise en cartons.

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Des produits emballés par Agrimer et prêts à être envoyés dans les thalassothérapies. Crédit : Jérémy Lempin/WD.

Innovation et développement durable

“Nous sommes la présidence de la chambre syndicale des algues marines pour la partie algues de rive”, indique André Prigent. L’entreprise collabore également avec des organismes de recherche – dont la Station biologique de Roscoff, non loin, pour étudier l’impact du changement climatique sur les algues et adapter ses pratiques.

Les macro-algues de la région sont encore peu touchées mais nous testons d’ores et déjà l’algoculture en mer et même la culture en milieu extra marin, dans des tubes en environnement contrôlé. Le but est d’évaluer cela à la cueillette classique. À l’heure actuelle, cela reste encore très cher par rapport à la biomasse naturelle à disposition mais nous voulons développer une stratégie d’adaptation si nécessaire.”

Avec un chiffre d’affaires de 16 millions d’euros, Agrimer se positionne comme un acteur incontournable de la filière algues en Bretagne. L’entreprise a récemment investi 6,5 millions d’euros pour moderniser ses installations et réduire son empreinte écologique. “Nous avons couvert le toit de notre usine avec des panneaux photovoltaïques, qui fournissent depuis aujourd’hui, jeudi 17 octobre, 17 % de notre consommation électrique. En outre, nous avons optimisé notre circuit pour économiser 30 % de notre eau”, se félicite André Prigent.

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Une des nouvelles machines utilisées pour fabriquer de grandes quantités de produits cosmétiques. Crédit : Jérémy Lempin/WD.

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