Toutes les initiatives dans les territoires
Tech Sea Lab : quand les algues mènent la transition écologique et agricole
Penmarc’h (Finistère, 29), Bretagne – La Bretagne, terre de littoral et d’innovation, abrite des trésors insoupçonnés. Parmi eux, une ressource ancienne mais encore sous-exploitée : les algues. André Yvin, cofondateur de Tech Sea Lab avec son frère, a fait de ces végétaux marins une solution pour l’agriculture durable. Basée à Ploumanac’h, au sud-est de Quimper dans le Finistère, l’entreprise s’inscrit pleinement dans l’économie bleue en valorisant une macro-algue brune, l’Ascophyllum nodosum, pour produire des biostimulants naturels pour l’agriculture.
« Nous nous fournissons sur le littoral à proximité, auprès de récoltants d’algues sauvages. Ils pêchent à marée basse ou à faible profondeur, précise André Yvin. Le travail ne peut pas être mécanisé alors ils ramassent les algues avec une faucille en ayant parfois de l’eau jusqu’à la poitrine. Pour ne pas épuiser les ressources maritimes, ils respectent des quotas et des temps de jachère afin d’assurer le renouvellement naturel de l’espèce. »
L’algue, une ressource connue depuis la nuit des temps
Depuis des siècles, les Bretons utilisent les algues pour fertiliser leurs sols, une pratique empirique devenue aujourd’hui une solution technologique. Fondée en 2013, Tech Sea Lab travaille avec des récoltants locaux, respectant des quotas stricts pour préserver cette ressource fragile. “L’Ascophyllum, qui pousse dans les eaux froides et remuées, est une plante stressée car elle est exposée à l’air et aux rayons du soleil à marée basse. En conséquence, elle est dotée d’une résilience exceptionnelle qui lui permet de transmettre ses bienfaits aux cultures agricoles”, nous explique André Yvin.
L’innovation de Tech Sea Lab réside dans le processus de transformation non destructif des algues, permettant d’extraire leurs ingrédients actifs tout en préservant leur qualité. Transformée à froid, cette matière première marine – 100 tonnes par an – devient un biostimulant, notamment pour l’agriculture (y compris bio). Concrètement, il s’agit d’un liquide pulvérisé sur les feuilles ou les semences afin d’accélérer la croissance et de soutenir la résistance de la culture en corrigeant le stress oxydatif et en résistant aux stress abiotiques (sécheresse, gel). « Ce produit aide la plante à stimuler ses défenses naturelles. Nous sommes même capables de corriger les effets des herbicides sur les cultures grâce aux propriétés des algues », résume-t-il.
À lire aussi : Agrimer : l’entreprise bretonne qui valorise les algues marines de façon durable
Transformer sans détruire pour profiter à plein des bienfaits des algues
Tech Sea Lab ne se contente pas de produire ce fertilisant naturel. L’entreprise collabore avec des instituts de recherche comme l’INRAE et l’École de chimie de Rennes pour développer d’autres solutions innovantes. Le projet Blue, par exemple, a exploré les combinaisons entre algues et acides aminés, ouvrant la voie à une nouvelle génération de biostimulants.
TechSeaLab a enregistré 1,2 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2023, grâce à des ventes aussi bien sur le territoire français qu’à l’international. Au fil des ans, Tech Sea Lab est devenu un acteur clé de la transition écologique. “Nous voulons montrer qu’il est possible d’augmenter les rendements agricoles tout en préservant l’environnement”, affirme le cofondateur.
Un pont entre mer et terre
En réconciliant biodiversité marine et besoins agricoles, Tech Sea Lab illustre le potentiel de l’économie bleue. À l’horizon 2050, alors que la population mondiale atteindra 10 milliards d’habitants, des solutions comme celles proposées par l’entreprise bretonne seront indispensables pour nourrir la planète durablement.
“Notre rêve est d’être un outil essentiel dans cette révolution agricole et écologique”, conclut André Yvin. Une vision inspirante qui donne à l’économie bleue une couleur d’avenir.
À lire aussi : Invasion de sargasses : et si ces algues servaient à éliminer le CO2 de l’atmosphère ?
SOUTENEZ WE DEMAIN, SOUTENEZ UNE RÉDACTION INDÉPENDANTE
Inscrivez-vous à notre newsletter hebdomadaire
et abonnez-vous à notre magazine.