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Des fleurs aux potagers : comment Limoges est devenue une ville nourricière
Limoges (Haute-Vienne, 87), Nouvelle-Aquitaine – Dix tonnes de légumes récoltés en 2023, 21 tonnes en 2024. Depuis quelque temps, Limoges s’est transformée en potager géant, pour le plus grand plaisir de ses habitants. La régie maraîchère de la ville possède en effet des espaces cultivables en plein champ mais aussi, et c’est assez original, des potagers urbains. Depuis 2020, l’agglomération a déployé un ambitieux projet afin de devenir “ville nourricière”. Une volonté de produire en circuit-court non seulement pour assurer une alimentation durable et de qualité en restauration collective, de la crèche à l’Ehpad, mais aussi pour proposer aux Limougeauds, fruits et légumes cultivés “dans la ville”. Ils poussent aux emplacements même où on pouvait admirer auparavant des massifs de fleurs ou encore au milieu des ronds-points.
En effet, dans le cadre de son “pack climat”, des plantations de légumes et de vergers ont commencé à émerger dans les espaces verts municipaux. Ils sont proposés à la libre-consommation des citoyens ou lors de distributions gratuites, plusieurs fois dans l’année, en fonction du rythme des récoltes. Une partie est aussi donnée à l’épicerie
sociale et éducative. La Ville incite enfin au développement de projets “Limoges quartiers fertiles”, où les habitants sont invités à planter dans les espaces publics (10 m2 suffisent pour planter des semis), dans les jardins partagés ou familiaux ou encore sur leurs balcons. Des vergers ont même été plantés dans la cité porcelainière.

Des potagers partout dans Limoges et une gestion de l’eau très maline
“À la Ville de Limoges, on ne cultive plus de fleurs et on a mis des potagers partout. Même devant la mairie, il y a des potagers”, explique Marie-Anne Robert-Kerbrat, élue et conseillère technique en charge du Développement Durable à Limoges. Et d’ajouter : “Les gens s’engueulent sur la bonne couleur des tomates pour choisir le moment de la récolte, sur les plants à mettre, etc. C’est assez rigolo.”
Le projet a aussi été pensé pour être économe en eau. “Nous avons la chance d’avoir un aquarium public du Limousin qui est très, très engagé sur la préservation de la biodiversité, souligne Marie-Anne Robert-Kerbrat. Et eux, deux fois par semaine, ils sont obligés de vider leurs bassins pour nettoyer et mettre de l’eau propre. Mais cette eau ‘sale’ est en fait ultra fertilisée par les excréments des poissons. Alors, plutôt que de la traiter avant de la réinjecter dans le réseau, nous la mettons dans de petites citernes qui vont arroser et fertiliser les potagers de la ville.”
Quant à la régie maraîchère, elle se développe peu à peu. Elle exploite désormais 3 hectares en plein champ et un demi hectare sous abri. “3 nouveaux hectares sont en projets pour continuer d’augmenter la production légumière et d’arbres fruitiers”, indique la Ville de Limoges. Début 2025, ce sont pas moins de 26 espèces qui sont cultivées, réparties en 47 variétés. Grâce à cela, 1 334 000 repas sont servis par an, en crèches, écoles, accueils de loisirs, Ehpad… Et si demain, Limoges devenait un modèle pour d’autres villes en quête d’autonomie alimentaire ? Le potager urbain n’a pas dit son dernier mot.
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