Toutes les initiatives dans les territoires
Dans les Hauts-de-Seine, un collectif citoyen vise l’autoconsommation partagée
☀️ « Ça y est, mes 22 panneaux solaires produisent de l’électricité », se félicite Jean-Jacques Descombes, président des Fermes solaires du Mont-Valérien, en ce mardi 6 septembre, jour de canicule dans la région parisienne. Ce collectif citoyen étalé sur les villes de Rueil-Malmaison, Suresnes, Nanterre et Colombes (92) a inauguré, il y a quelques semaines, sa première installation de panneaux photovoltaïques.
⚡️ L’électricité produite et non consommée par le président sera revendue aux membres du collectif à tarif négocié, inférieur au tarif réglementé d’EDF. Avant cela, une dernière étape est nécessaire : « On est en phase de certification par le Conseil national pour la sécurité des usagers de l’électricité (Consuel) et Enedis », poursuit-il.
En 2023, WE DEMAIN a noué un partenariat avec le Centre de Formation et de Perfectionnement des Journalistes (CFPJ). Quinze jeunes journalistes en contrat de professionnalisation ont travaillé à la production d’une série d’articles autour des initiatives dans les territoires. Retrouvez ici l’ensemble des sujets publiés sur la question.
L’autoconsommation partagée
🔋 Ces collectifs de citoyens engagés dans la transition énergétique se font de plus en plus nombreux. La Région Île-de-France indique avoir déjà accompagné près de 82 projets de ce type durant les cinq dernières années. Le mouvement Énergie Partagée les aide également à travers ses 13 antennes présentes dans chacune des régions de l’Hexagone. « Au moment de la COP21 à Paris, on a constaté que les citoyens voulaient s’approprier l’énergie mais qu’ils n’avaient pas forcément les connaissances ni les fonds pour le faire », indique Valentin Walter, animateur d’Énergie Partagée en Île-de-France. « Aujourd’hui, j’accompagne une trentaine de projets », dont les Fermes Solaire du Mont-Valérien.
💡 Cette association sous la forme d’une SAS compte une cinquantaine de sociétaires portants un projet d’autoconsommation partagée : « On consomme ce qu’on produit on revend le reste aux membres de l’association qui ne produisent pas eux-mêmes », explique Jean-Jacques Descombes, « on fait une boucle locale où on partage le courant. Pour que toute l’énergie soit consommée par les sociétaires, il faut qu’on ait beaucoup plus de consommateurs que de producteurs ». Cette boucle se fait au travers du réseau d’Enedis. L’électricité non consommée se déverse dans le réseau, et les associés présents obligatoirement à moins de 2 km, s’y servent.
De l’émergence à la labellisation
🏘️ « D’abord on essaye de faire émerger des projets citoyens locaux, en réunissant plusieurs initiatives pour tenter d’impliquer des gens », confie Valentin Walter. « Cette phase permet de se structurer et donner les compétences nécessaires à son bon déroulement ». « C’est une vraie source d’information », poursuit Jean-Jacques Descombes, « nous avons pu faire des ateliers sur les plans juridiques et techniques ». Mais le financement est également clef dans ce type de démarche.
📂 Énergie Partagée a accompagné les Fermes Solaires du Mont-Valérien pour monter des dossiers de financement auprès de la Région Île-de-France. « Nous avons dû expliquer la démarche citoyenne d’autoconsommation partagée, monter un dossier et présenter des devis », raconte Jean-Jacques Descombes. Mais le jeu en a valu la chandelle. Parmi les 19 000 euros du coût de l’installation, près de 8 000 ont été financés par la Région. Dans le cadre de sa stratégie climat votée en 2018, l’Île-de-France accompagne financièrement des initiatives citoyennes vers l’énergie renouvelable.
💶 Les 82 collectifs soutenus ont reçu des subventions jusqu’à 50 % du prix des installations plafonné à 200 000 euros. Toute personne morale est éligible à un soutien financier de la Région. Une aide précieuse pour un mouvement comme les Fermes Solaires du Mont-Valérien qui a permis à l’association de pouvoir produire ses premiers KiloWatt et obtenir le label d’Énergie Partagée. Répondant à de nombreux critères strictes, ce label « confirme que les citoyens mènent le projet, s’intéressent à leur territoire et veulent le meilleur pour leur territoire », indique Valentin Walter, animateur d’Énergie Partagée pour l’Île-de-France.
Les collectifs citoyens bousculent les politiques
🌞 Après ces premiers panneaux installés, les Fermes Solaires du Mont-Valérien ont pour projet d’équiper près de 5 nouveaux logements individuels. Une réussite après 3 années sans succès. À la naissance du mouvement en 2019, l’objectif était de couvrir de panneaux solaires des toits de bâtiments publics. Mais face aux lourdeurs administratives et aux alternances de couleurs politiques de certaines mairies, les associés ont été contraints de changer leur fusil d’épaule à la fin de l’année 2022. Ils se sont alors orientés vers des installations sur des maisons individuelles.
↔️ Selon la Région, l’appropriation de ces sujets par les citoyens leur permet de maîtriser leur production et donc leur consommation. Elle souhaite également répondre présent car avec l’augmentation du coût de l’énergie, ces initiatives vont devenir de plus en plus rentables et devraient être amenées à se développer. Valentin Walter est convaincu que la transition passera par les citoyens : « Selon les différents scénarios de mix énergétique présentés par MégaWatt, l’Ademe et RTE, la France est loin de ses objectifs sur la part d’énergie provenant du renouvelable », explique-t-il. « Je pense que les citoyens accélèrent ce processus en établissant un dialogue avec les politiques sans leur laisser le choix. Cela fait avancer concrètement le sujet. »
Auteur : Jean-Baptiste Lautier
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