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Bathô : la seconde vie des vieilles coques
⛵️ “Même planté dans la vase, un bateau sent toujours l’aventure”, affirme le navigateur Olivier de Kersauson. Et c’est si vrai que les “croisières immobiles” sur la terre ferme, à bord de vieux voiliers auxquels la société Bathô a redonné vie, connaissent un formidable engouement. Créé en 2017 par Romain Grenon et Didier Toqué, Bathô est un chantier naval d’économie sociale et solidaire basé à Rezé en Loire-Atlantique, près de Nantes.
🚣 Il ne met pas de nouveaux bateaux à l’eau, mais récupère ceux qui échouent sur les pontons des épaves avant de finir à la casse. Et les transforme en habitats insolites. Il faut dire qu’il y a de quoi faire. Sur le million de bateaux de plaisance en France, 80 % ont plus de 40 ans. Des bateaux construits à 90 % en polyester, donc difficilement recyclables. Grâce à cette entreprise rezéenne, une fois rénovés et recyclés, ces voiliers se transforment en gîtes, chambres d’amis, aires de jeux ou même salles de réunion !
Une table de pique-nique, une boîte à livres…
♻️ Repris, en 2021, par le Groupe SOS, acteur de l’économie sociale et solidaire, le Darwin Camp de Bordeaux, tiers-lieu de l’économie circulaire, et Profil Grand Large, l’agence d’événementiel du skipper Damien Grimont, Bathô poursuit l’aventure. Vent debout ! “En quatre ans, 19 bateaux ont été recyclés, explique Thibault Saint-Olive à la barre du chantier naval. En un an, nous en avons déjà réalisé douze. Notre objectif : une trentaine par an à partir de 2025.”
⚓️ Officier de la marine marchande britannique, ce bourlingueur fourmille d’idées pour optimiser le recyclage des voiliers et vedettes trop vieux pour voguer sur la grande bleue. Pour optimiser les plus petits et recycler davantage de plastique, celui qui un temps a conçu des “bateaux utiles” au Bangladesh a imaginé des demi-bateaux : l’arrière devient, par exemple, une table de pique-nique et l’avant, posé à la verticale,
une cabine de plage, un module cuisine, une boîte à livres.
🏴☠️ “Pour les plus grands, j’ai créé une entrée latérale, un dortoir pour enfants avec un passage secret : les petits adorent !” Baptisé Jules Vernes, le premier modèle a été vendu à la ville de Picquigny, dans la Somme. Faisant appel à des personnes éloignées de l’emploi, Bathô espère obtenir l’appellation “chantier d’insertion” en fin d’année. Autre objectif de Thibault Saint-Olive : “la formalisation d’une véritable filière nationale upcycling de bateaux.”
Texte : Armelle Oger
Pour aller plus loin : batho.fr
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