Agriculture : quand les robots se mettent au bio

Robotiser l’agriculture ? Au siècle dernier, l’idée était synonyme de progrès. Mais la donne change. De plus en plus de consommateurs choisissent des produits de l’agriculture raisonnée : une agriculture plus locale, moins gourmande en produits chimiques, voire… manuelle. Supposés prédateurs pour l’environnement et asservissants pour la main d’œuvre, décriés pour leur coût, les robots agricoles ont perdu de leur superbe.

Le droïde est-il condamné à être le symbole du productivisme ? Pas pour certains exploitants, qui choisissent d’allier technologie de pointe et agriculture raisonnée. Parmi les derniers nés des robots agricoles, certains sont en effet à même de fournir toutes sortes de solutions écologiques. We Demain en a sélectionné cinq.

Oz, le désherbant autonome

Au placard les désherbants chimiques ! Créé et commercialisé en février 2014 par la start-up toulousaine Naïo , le robot Oz élimine les mauvaises herbes en se déplaçant dans les rangées des exploitations à l’aide de son moteur électrique.

Pour l’heure, vingt exemplaires de ce robot ont été vendus, au prix de 20 000 euros l’unité. Une seconde version, rechargeable grâce à l’énergie solaire, est en projet. 
 

Vitirover, le robot médecin des vignes

Conçu par l’entreprise bordelaise éponyme en 2010, Vitirover est un engin agricole de 11 kg, dont l’objectif est d’effectuer “l’enherbement maîtrisé” des vignes. Une technique qui consiste à garder un petit surplus d’herbe et présente plusieurs atouts : elle évite le tassement de la terre lors des intempéries, favorise l’infiltration des eaux de pluie, et donc l’irrigation. Surtout, elle permet d’éviter l’usage des désherbants chimiques.

Côté énergie, ce robot est équipé de cellules photovoltaïques, alimentant directement ses moteurs ou ses batteries lithium. Vitirover souhaite à terme intégrer d’autres fonctions à cet engin.

L’entreprise travaille actuellement sur une caméra permettant de détecter les maladies affectant les pieds de vignes,grâce à l’envoi d’images en temps réel à l’agriculteur. Disponible depuis début 2015, ce robot verra ses dix premiers exemplaires livrés en août.
 

Anatis, le désherbant analyste

Élaboré par la société vendéenne Carré, en collaboration avec Naïo Technologies, Anatis  a été conçu pour les maraîchers industriels. Ce robot coupe les mauvaises herbes et permet une moindre utilisation des produits chimiques. Électrique, ce robot de binage collecte également des données agronomiques, afin de guider l’exploitant dans ses décisions. Mais aussi de mieux répartir les engrais.

Une amélioration du guidage de l’appareil est en cours de développement : des caméras intégrées devraient accroître l’efficacité et la précision du binage. Cette version 2.0 d’Anatis sera présentée lors du salon Tech & Bio les 23 et 24 septembre 2015 à Valence. Ce robot d’une valeur minimale de 45 000 euros entrera ensuite en commercialisation
 

Ladybird, la veilleuse des champs

Conçu en 2014 par une équipe de chercheurs de l’université de Sydney, ce robot australien  a des airs de coccinelle – d’où sa dénomination anglaise “ladybird”-, cet engin n’est pour le moment qu’à l’état de prototype.  

Pionnier des robots de surveillance agricole à énergie solaire, il est capable de se déplacer le long des champs en toute autonomie et détecte toutes maladies affectant les plants d’une parcelle, avant même qu’elles ne soient visuellement décelables. L’agriculteur pourra ainsi anticiper les soins et donc gérer efficacement ses cultures. 


 

Agridrone, le drone détecteur de surfaces cultivable

Imaginé par l’ex-start-up suisse Sensefly, Agridrone est né du partenariat entre les sociétés Parrot et Airinov. Ce drone d’une valeur de 28 000 euros est doté de capteurs sensibles à la lumière. Il analyse à distance les cultures et l’état d’avancement des parcelles agricoles, une technique jusqu’ici utilisée par les seuls satellites.

Les données collectées par l’appareil permettent d’établir une carte de biomasse. L’agriculteur peut ainsi cibler et ajuster les besoins précis de ses plants, réduire son utilisation d’engrais chimiques, éviter le gaspillage et ainsi optimiser ses coûts.

Conçus par Airinov, les capteurs de ce drone ne sont pour l’instant adaptés qu’aux champs de colza et de blé. L’entreprise travaille à présent sur une application permettant d’observer les dégâts dus au gibier, qu’elle espère effective pour la mi-septembre 2015. 

Clara Potier
Journaliste à @We Demain
@ClaraPotier


 

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