Au Japon, Toyota crée un mini robot qui développe l’instinct maternel

Le Japon connaît la plus faible natalité au monde : 1,4 enfant par femme. Pour relever ce taux à 1,8 enfant par femme en 2025 et ainsi éviter que la population japonaise ne passe sous la barre des 100 millions (contre 127 millions aujourd’hui), le gouvernement peut compter sur l’aide de la plus grande multinationale du pays, Toyota.

On la connait pour ses voitures, mais depuis plusieurs années l’entreprise investit massivement dans la robotique. Lundi 3 octobre, elle a présenté sa dernière création, qu’elle prévoit de mettre sur le marché en 2017. Son nom : Kirobo Mini. Un mini-robot à l’attitude si “kawaii” (adorable en japonais) qu’il susciterait un instinct maternel auprès de ses propriétaires. Comment ? En leur procurant un sentiment de “connexion émotionnelle”.

Vêtu d’une combinaison blanche de super héros, haut de dix centimètres et pesant 183 grammes, il cligne de ses grands yeux noirs, dodeline de la tête et parle d’une voix haut perchée, comme un bébé. Et puis, “il vacille un peu”, ce qui est “censé imiter [le comportement d’un] bébé assis qui n’a pas encore pleinement développé les compétences nécessaires pour s’équilibrer”, explique Fuminori Kataoka, l’ingénieur en chef de la conception de Kirobo Mini au sein du département “non-automobile” de Toyota.

Intelligence artificielle et reconnaissance faciale

L’impression de “vulnérabilité” que donne cette machine est la clé de son efficacité, estime le chercheur. Ses utilisateurs peuvent l’emmener partout, même en voiture. Livré avec un support ressemblant à un berceau, Kirobo Mini s’intègre au porte-gobelet. Pratique pour le conducteur : le mini robot peut ainsi endosser le rôle d’un copilote en livrant des conseils de conduite, ou en lui recommandant une pause après deux heures de route.

Toutes ces fonctions, le robot les assure grâce à une caméra, des capteurs, et surtout une intelligence artificielle. De quoi lui permettre aussi de reconnaître une voix, d’y réagir, de détecter les émotions, les expressions du visage et les mouvements de son propriétaire. Il s’accompagne d’une appli dédiée sur smarphone, à laquelle il se connecte via bluetooth.

Le prolongement des voitures

Pour l’heure, Toyota ne prévoit pas de commercialiser Kirobo Mini ailleurs qu’au Japon. Mais l’entreprise, qui avait déjà développé un Kirobo grand format (34 centimètres) – avant de l’envoyer passer un an et demi à bord de la station spatiale internationale ISS – ne compte pourtant pas s’arrêter là en matière d’intelligence artificielle. Notamment, en investissant massivement dans le développement de cette dernière au service des voitures autonomes.

Dans cette vidéo, la firme estime que les robots “ne sont que le prolongement des voitures, ces compagnons irremplaçables pour les hommes” :

Fuminori Kataoka, l’ingénieur en chef du projet, considère sa création comme un prélude à des robots encore plus évolués, capables de reconnaître les émotions humaines à la perfection.

Pour cela, quel meilleur terrain de jeu que le Japon, qui compte le plus grand nombre d’utilisateurs de robots dans le monde ? “Nous répondons aux problèmes croissants d’une société dans laquelle les gens n’ont plus personne à qui parler”, se félicite Moritaka Yoshida, l’un des responsables du projet. Les Kirobo Mini y seront vendus dès l’an prochain, 350 euros pièce.

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