Partager la publication "Biocarburant : un A380 a volé à l’huile de cuisson (et tout s’est bien passé)"
Faire voler le plus gros avion civil du monde avec un carburant renouvelable ? C’est ce qu’a réussi à faire Airbus avec un A380 ce vendredi 25 mars 2022. L’avion a décollé de l’aéroport de Toulouse-Blagnac en emportant dans ses réservoirs quelque 27 tonnes de biocarburant non mélangé. Fourni par Total Energies, il est fabriqué en Normandie, près du Havre, à partir d’esters et d’acides gras hydrotraités (HEFA). Ce biocarburant alternatif au kérosène est constitué d’huile de cuisson usagée et d’autres déchets gras, tous organiques et renouvelables.
Le réacteur numéro quatre de l’avion a fonctionné uniquement avec ce biocarburant. Il a été notamment utilisé au décollage, sans que le pilote ne constate une quelconque différence. Le vol a ensuite duré 3 heures au total, l’avion survolant la zone de Bordeaux avant de revenir à Toulouse. “C’est la première fois que du SAF [sustainable aviation fuel, carburant durable d’aviation, NDLR] non mélangé est utilisé sur une plate-forme d’essais en vol A380″, a souligné Wolfgang Absmeier, pilote de test Airbus.
Entré en service en 2007, l’A380 peut transporter entre 525 passagers et 853 passagers suivant la configuration. En version cargo, il peut emporter jusqu’à 150 tonnes de fret. L’expérimentation réussie il y a quelques jours n’est donc pas anodine pour l’avenir du secteur aéronautique. En effet, selon les types de SAF, les émissions de CO2 peuvent baisser jusqu’à 85 % par rapport au carburant d’aviation classique.
“Voici un nouveau très bel exemple de l’industrie aéronautique qui s’unit pour travailler à l’obtention de la certification 100 % SAF d’ici 2030, s’est réjoui François Pfindel, responsable A380 MAP. Ensemble, nous avons clairement démontré qu’un avion aussi grand que l’A380 peut fonctionner avec succès sur SAF non mélangé.”
Après cette première, Airbus veut confirmer l’essai. Il a prévu ce mardi 29 mars un nouveau vol de l’A380 avec pour seul carburant du SAF. Cette fois-ci, l’avion fera la liaison entre Toulouse et l’aéroport de Nice-Côte d’Azur avant de revenir à sa base. Le but ? “Tester l’utilisation du SAF au décollage et à l’atterrissage”.
Le premier essai en vol “a répondu à toutes nos exigences, ce qui nous permettra de réaliser la prochaine phase du projet consistant en des manœuvres spécifiques du moteur”, a précisé le pilote Wolfgang Absmeier. L’objectif est d’emmagasiner un maximum de données lors de ces vols. En effet, il n’est pas possible d’immobiliser trop longtemps l’A380 pour ces expérimentations.
Pour Airbus, cette nouvelle démonstration de force est un pas de plus vers cet objectif 2030. C’est aussi une avancée dans l’objectif d’être zéro émission nette de carbone d’ici 2050 pour l’industrie aéronautique. Le fabricant européen a déjà validé des vols au biocarburant pour deux autres types d’avions il y a quelques mois. Un Airbus A350 a volé au biocarburant en mars 2021 et un monocouloir A319neo en octobre dernier. De bon augure pour la suite, donc.
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