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Biomede : dépolluer les métaux lourds dans les sols à l’aide des plantes

On appelle cela de la phytoremédiation ou encore de la phytoextraction. Derrière ces noms complexes, se cache un processus de dépollution des sols, de l’eau ou de l’air en utilisant des végétaux (algues, champignons ou plantes). En l’occurrence, Biomede – entreprise basée à Villeurbanne (69) et fondée en 2017 – s’est spécialisée dans le traitement des terres agricoles contaminées par des métaux lourds. Un projet en partie lancé grâce au crowdfunding il y a sept ans. Concrètement, la technique consiste à semer les graines de plantes dites hyperaccumulatrices, qui se nourriront des polluants pour pousser.

 Ces plantes ont la capacité d’absorber et de concentrer dans leurs tissus des quantités importantes de polluants présents dans le sol. Après la croissance des plantes, celles-ci sont récoltées, permettant ainsi d’extraire les traces toxiques du sol de manière simple et naturelle. Le processus de dépollution de Biomede se déroule en plusieurs étapes : d’abord l’analyse du sol pour identifier les polluants présents puis vient la sélection des plantes les plus adaptées. L’étape suivante consiste à planter et cultiver les végétaux dépollueurs. Une fois arrivés à maturité, donc chargés en métaux, ils sont récoltés et la biomasse ainsi récupérée est alors valorisée.

En France, on estime que 80 % des sols sont pollués

Ce procédé finalement assez basique, qu’on pourrait qualifier de low tech, permet d’éviter l’utilisation de produits chimiques, de préserver la structure du sol et pour un coût modique. L’État avait identifié, mi-2021, quelque 9 527 sites et sols pollués en raison du passé industriel de la France. Les anciennes régions minières en concentrent la moitié. Parmi eux, 10 % sont pollués par l’arsenic et 5 % par le mercure. Cadmium, chrome, cuivre, nickel, plomb, zinc sont aussi présents, en raison de la présence de roches ou suite à l’activité humaine. Au total, on estime que 80 % des sols français (urbanisés et agricoles) sont pollués.

Parmi eux, les anciens lieux de bataille comptent pour une part. Par exemple, dans la Meuse, nombre de terres agricoles sont encore aujourd’hui polluées par les obus de la Première Guerre mondiale. Rien qu’à Verdun, quelque 60 millions d’obus ont été tirés sur quelques kilomètres carrés en seulement 300 jours (et nuits) au cours de 1916. En traitant ces terres de manière naturelle, on évite que ces traces toxiques finissent à plus ou moins long terme dans l’eau (rivières et fleuves puis océans) ainsi que dans la chaîne alimentaire.

Biomede : une solution agro écologique utilisée notamment en viticulture

Depuis sa création, Biomede a reçu plusieurs distinctions, dont le prix EDF Pulse en 2018 dans la catégorie “Smart City” . L’entreprise est aussi labellisée par la fondation AgroParisTech. Depuis 2019, la jeune pousse collabore notamment avec des domaines viticoles dans une vingtaine d’appellations en Bordelais, Bourgogne, Chablis, Champagne, Cognac et Côte du Rhône.

Elle utilise des plantes réputées pour leurs capacités à retenir des métaux lourds dans leurs racines, comme le tournesol (zinc, cuivre et cadmium) ou l’alyssum murale. Ce végétal de la famille des Brassicacées (comme les choux ou le brocoli) est particulièrement conseillé en cas de présence de nickel dans le sol. Biomede continue de se développer et de perfectionner sa technologie, que ce soit pour les terres agricoles, les anciens sites industriels en attente de réemploi ou les jardins urbains et collectivités.

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