Ce cendrier décompose les mégots grâce à un champignon

On connaît son impact sur la santé humaine, mais la cigarette s’avère aussi dévastatrice pour l’environnement. Une cigarette pollue à elle seule jusqu’à 500 litres d’eau… Et dix milliards de mégots  sont jetés chaque jour dans la nature. Ils finissent bien souvent dans les océans, représentant 40 % des déchets maritimes.

Dans un précédent article, nous vous présentions l’association GreenMinded qui encourage la collecte de mégots en vue de les recycler. La start-up PuriFungi, fondée par la designeuse franco-belge Audrey Speyer, propose une méthode encore plus originale pour s’en débarrasser : des cendriers “mange-mégots”.

Ces derniers sont composés… de champignons ! Plus précisément, de la racine des champignons, le mycélium, capable de digérer entièrement les restes de cigarettes. Les mégots sont déposés sur un paillis de chanvre et de mycélium, qui va les recouvrir en seulement 2 semaines et commencer à les dégrader grâce à ses enzymes. 

Au bout de deux mois, les bouts de cigarettes sont transformés en une sorte de résine semblable à du polystyrène. Les cendriers grossissent donc peu à peu et peuvent être alimentés en continu.

Je trouvais ça intéressant de produire un objet à partir de la détérioration de matière, mais aussi de sensibiliser à un problème environnemental par le biais d’une solution, confie-t-elle. Cela permet de responsabiliser les fumeurs.

Dépolluer à la source

Le festival du Cabaret Vert , qui s’est tenu du 22 au 25 août dernier à Charleville-Mézières, a été le premier à tester les cendriers mis au point par Audrey Speyer, et réalisés en partenariat avec l’entreprise belge Mycelia.

L’expérience s’est très bien passée. Les cendriers ont été installés sur les terrasses et dans espaces privés (loges, jardins), où ils ont beaucoup attiré l’attention des festivaliers”, se réjouit la designeuse.
 

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Aussi original que soit le concept, il n’est pas recommandé pour une pratique individuelle. Le culture du mycélium a des contraintes (humidité, risque de pourriture et contamination) qui la rende délicate dans un salon…

Audrey Speyer préconise plutôt d’adopter son projet à l’échelle d’une entreprise ou d’une commune: “Le mieux est d’installer des centres de traitement directement sur sites où les mégots sont jetés.

La résine obtenue à partir de la décomposition des cigarettes pourrait ensuite être utilisée comme matériau  pour fabriquer des briques ou des objets, comme le fait déjà MéGo depuis 2017. Cette entreprise de recyclage implantée en Bretagne collecte des mégots pour les transformer en mobilier urbain.

La jeune femme travaillait depuis des années sur la dépollution des sols grâce à la culture de champignons. Son projet de cendrier a germé en juillet dernier au MoveUp Festival, dans un accélérateur de start-up organisé par le Dour Festival et le Cabaret Vert. Il devrait maintenant passer à la vitesse supérieure et franchir les frontières de l’Hexagone. Les champignons “mange-mégots” de PuriFungi seront ainsi à l’honneur dans l’exposition internationale “Design & Science” qui se tiendra du 11 septembre au 17 octobre à Detroit aux États-Unis.

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