Partager la publication "Cet été, YouTube va dans les quartiers pour apprendre aux jeunes à se raconter en vidéo"
“On leur montre qu’ils peuvent réaliser beaucoup de choses par eux-mêmes. Pas besoin d’avoir du matos de dingue pour faire tout ça”, assure Victor Buu, l’un des intervenants de cette tournée. YouTuber de 19 ans, il compte plus de 19 000 abonnés sur sa chaîne YellowTotor. “Avec des intervenants jeunes, ils peuvent s’identifier plus facilement à ce qu’on fait. Ils peuvent me parler comme à un pote”, ajoute le vidéaste.
Ouvertes aux 16-20 ans, les formations ont lieu dans des grandes villes (Rennes, Montpellier, Lyon, Marseille, Avignon, …), mais aussi, pour un tiers d’entre elles, en banlieue parisienne : Sarcelles, Sevran, Clichy-sous-Bois… Les ateliers se déroulent sur deux jours, par groupe d’une dizaine à une vingtaine de jeunes. Certains ont lieu en collaboration avec les partenaires de la tournée : l’association Génération Numérique, le Mobile Film Festival et l’enseignante Sophie Mazet, auteure du livre Manuel d’autodéfense intellectuelle (éd. Robert Laffont).
Ces formations visent à initier à l’audiovisuel, mais aussi à lutter contre les discours de haine sur les réseaux. Le projet part d’un constat accablant établi par Google France à la fin du printemps, sur la base d’une étude commandée à l’institut CSA : 70 % des internautes ont déjà été témoins de propos haineux sur Internet. Mais surtout, 45 % d’entre eux pensent que ce sont les grands acteurs d’Internet qui sont “les plus à même de leur apporter des informations utiles pour lutter contre ces discours”.
Week end avec YouTube pour toi même tu filmes. Merci à tous ! #TMTF #USR pic.twitter.com/7Q4HUh2pw2
— @USR_Officiel (@OfficielUsr) 10 juillet 2016
Aujourd’hui et demain les jeunes d’IDEES à Sevran avec Youtube #TMTF pour créer leurs films ! pic.twitter.com/zm0X54eoIy
— Association Idees (@IdeesSevran) 13 juillet 2016
YouTube veut favoriser les “contre-discours”
Fin mai, Google, Microsoft, Facebook et Twitter signaient un “code de conduite” avec la Commission européenne pour réguler les discours haineux. Le 13 juin, en partenariat avec Facebook et Twitter, Google France présentait ses réponses à ce problème devant une quarantaine d’associations. Avec “Toi-même tu filmes”, le groupe a expliqué vouloir aider les jeunes “à déconstruire les discours de haine sur Internet et leur proposer de créer des vidéos positives sur leur quotidien, leur quartier, leur histoire”.
À cette initiative s’ajoutent d’autres actions à destination des acteurs associatifs pour tenter de favoriser les “contre-discours” : la mise en avant de publicités ou l’accès pendant six mois au YouTube Space Paris. Ouvert en octobre 2015 dans les locaux de Google France, cet espace de 350 m² est habituellement ouvert aux YouTubers comptant plus de 1 000 abonnés. Il comprend un studio de tournage, une salle de montage ou encore de projection. Les visiteurs peuvent y échanger avec des professionnels pour perfectionner leurs techniques de réalisation de vidéos.
Former pour mieux régner : la tactique YouTube
Les participants de “Toi-même tu filmes” n’en sont pas encore là. “Ce n’est pas une formation très corporate, elle touche à l’audiovisuel en général”, estime Victor Buu. Néanmoins, les jeunes participants à la tournée estivale de YouTube pourront présenter leurs vidéos à un concours permettant de gagner des formations au YouTube Space de Paris, voire de Los Angeles pour le premier d’entre eux.
Ces efforts qualitatifs ne risquent-ils pas de donner lieu à des contenus d’aspects trop professionnels, voire institutionnels à l’heure où filmer avec son téléphone portable devient un geste quotidien et spontané dans la société ? Peu à peu, les vidéastes amateurs se tournent en effet vers les applications mobile Facebook Live ou Periscope, qui favorisent la diffusion en direct. Une tendance de plus à laquelle YouTube va devoir s’adapter.