Partager la publication "Cet ingénieur breton a vécu quatre mois en autarcie grâce aux low-tech"
C’est le cas de Corentin de Chatelperron. À 34 ans, le jeune ingénieur breton revient d’une expérience d’autarcie radicale au large de la Thaïlande, où il a construit une plateforme flottante en bambou avant de vivre à son bord pendant quatre mois
Son objectif ? Produire sa nourriture et son énergie à l’aide de “low-tech”. Des technologies simples à fabriquer avec des matériaux de récupération, qui permettent d’assurer les besoins de base de l’humanité.
Au Cap Vert, Corentin et les membres de l’association Low Tech Lab ont ainsi appris l’hydroponie afin de faire pousser des légumes avec un minimum d’eau. Au Sénégal, un bricoleur leur a enseigné comment fabriquer une éolienne avec un moteur électrique récupéré sur une imprimante. Au Sri-Lanka, c’est une machine capable de transformer les déchets plastiques en carburant qu’ils ont découvert.
Autant de technologies que Corentin et ses amis ont aussitôt appliqués sur le catamaran, véritable laboratoire flottant équipé d’une serre et même d’un petit poulailler. Mais celui-ci est rapidement devenu trop petit….
Ce projet, qu’il baptise Mission Biosphère en hommage à une expérience scientifique utopiste des années 1980, le jeune ingénieur breton va le mener sur une plateforme en bambou amarrée dans une baie thaïlandaise.
“C’est ainsi que les pêcheurs travaillent là-bas. Quand j’ai découvert ce système, je me suis dit que c’était parfait pour mener l’expérience dans des conditions contrôlées.”
En tout, pas moins de trente low-tech sont testées à bord. Avec dans l’idée de créer des synergies entre elles : “Les grillons produisent du CO2, alors j’ai mis un tuyau pour en faire bénéficier la spiruline. Et l’oxygène produit par celle-ci allait jusqu’au biofiltre où des bactéries transformaient mon urine en nutriments pour le système d’hydroponie.”
“Le plus gros défi a été l’eau. Le dessalinisateur solaire ne marche pas encore très bien alors je dépendais surtout de l’eau de pluie que j’arrivais à récupérer. Et puis j’ai eu quelques invités un peu encombrants. Malgré le fait que j’étais sur l’eau, j’ai eu la visite de fourmis, de chenilles et même de petits geckos dans mes plantations !”
“J’ai perdu beaucoup de poids au début, à cause du manque de protéines. Mais j’étais suivi à distance par une équipe de scientifiques dont un nutritionniste.”
Tous ses faits et gestes, le jeune breton les note consciencieusement dans un tableau Excel sur son ordinateur portable. “Je l’appelais la Matrix. J’y mettais autant les quantités de nourriture que je mangeais que la température de mon four solaire, le taux de pH de mes cultures de spiruline ou le nombre d’œufs produits par mes poules.”
Avec ces données, l’équipe du Low Tech Lab veut améliorer l’efficacité de ses inventions, qui sont ensuite publiées gratuitement sur son site Internet.
Autant de technologies vertueuses qui sortent de l’ombre grâce au Low Tech Lab. “Il peut y avoir des inventions formidables mais si personnes ne les connaît, elles ne servent à rien”, se désole Corentin. Sur tous les fronts, son asso multiplie ces mois-ci les événements.
Outre la sortie d’une série télé le 29 octobre avec Arte, le Low Tech Lab publie un livre, organise une campagne de financement participatif et une exposition à Paris qui retrace ses découvertes sur les routes de France afin de rendre l’habitat plus durable.
Prochaine étape ? La construction d’une Tiny House autosuffisante en partenariat avec l’Ademe. Et une nouvelle saison pour le navire Nomade des Mers qui franchira en 2019 le Pacifique pour rejoindre les côtés d’Amérique Centrale. Et découvrir toujours de nouvelles low-tech !