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Chez On, la chaussure de running s’imprime en 6 minutes

Pendant les Jeux Olympiques de Paris 2024, le robot travaille 2 heures par jour pour faire la démonstration de cette nouvelle technologie. Baptisée LightSpray, elle aura nécessité pas moins de cinq années de R&D pour voir le jour. Six minutes suffisent pour créer une paire de running. Trois minutes pour la création de l’empeigne – le dessus de la chaussure – et trois minutes pour la peinture. Sous nos yeux fascinés, les deux bras programmés du robot de la marque suisse On, créent un modèle au look unique, la Cloudboom Strike LS.

Grâce à LightSpray, le mesh, qui est le tissu sur le dessus de la basket, est imprimé grâce à un bras robot qui projette un fil chauffé (du thermoplastique fondu, TPE-U) sur un moule de pied depuis la semelle intermédiaire (celle en contact avec le pied) jusqu’à la cheville. Ce filament, qui fait 1,5 km de long par chaussure, est tissé en un motif complexe. Nul besoin de coutures ou de col ni même de lacets : la chaussure s’enfile comme un gant et maintient parfaitement le pied car le mesh est légèrement élastique. Résultat : une chaussure extrêmement légère mais aussi plus écologique.

La Cloudboom Strike LS sera commercialisée courant 2025 au prix de 330 euros. Crédit : Florence Santrot.

75 % d’émissions de CO2 en moins grâce à l’empeigne tissée par un robot

La chaussure affiche un poids plume : 170 grammes sur la balance. Le mesh ainsi tissé ne pèse que 30 grammes, moitié moins que sur une chaussure de course à pied classique. Elle est aussi plus écologique. Outre la double hyper mousse de la semelle intermédiaire, biosourcée à plus de 40 %, On affirme que la technologie LightSpray permet de réduire de 75 % les émissions de carbone par rapport aux méthodes traditionnelles de fabrication d’empeigne.

Ce design présente bien d’autres avantages. Au lieu des 150 à 200 composants habituels d’une chaussure de course, la Cloudboom Strike LS n’en compte que sept. Moins de personnes à la manipuler sur les chaînes de montage, beaucoup moins d’étapes, un temps de fabrication réduit, pas de colle ou de coutures, peu de pertes de tissus, des ressources optimisées…

Une conception pensée aussi pour un avenir circulaire

Au lieu de teindre le tissu, la couleur est ajoutée par jet d’encre lors de la seconde étape de manipulation du robot. Un autre bras s’occupe en effet de positionner la chaussure sous des jets de couleurs qui appliquent une couche d’apprêt blanche puis, par zones, les coloris désirés et les logos de la marque. Tout cela va dans le bon sens et facilite le recyclage.

Le TPE-U utilisé pour l’empeigne peut se détacher assez facilement de la semelle et, par exemple, être à nouveau fondu pour un autre usage. Marc Maurer, co-PDG de On, souligne que “LightSpray représente un tournant pour On, non seulement en matière de conception de produits haute performance, mais également en termes d’avancées vers un avenir circulaire plus durable.”

Des chaussures On made in Zurich

L’impact carbone global est encore plus réduit si on prend en compte le lieu de fabrication. Au lieu de confier la production à des usines en Asie (en Indonésie et au Vietnam pour On), la Cloudboom Strike LS sera fabriquée par un atelier de production à Zurich, non loin du siège de la marque.

Par la suite, d’autres robots pourront être implantés pour des marchés plus lointains, comme les États-Unis. Et la production dépasser les volumes confidentiels actuels. Aujourd’hui, On ne peut pas fabriquer plus de dix paires par heure en optimisant au mieux les manipulations et l’utilisation du robot – seule unité fonctionnelle.

Le robot a été spécialement créé et programmé pour On. Il n’en existe pour l’heure qu’un seul exemplaire. Crédit : Florence Santrot.

Un design inspiré par un jouet d’Halloween

L’origine de cette technologie ? Alors étudiant, un ingénieur nommé Johannes Voelchert, inspiré par un jouet, une sorte de pistolet, capable de projeter de fausses toiles d’araignée, a eu l’idée de pulvériser cette toile sur le contour de sa main. Des représentants de On ont vu une démonstration et se sont dit que cela pourrait peut-être s’appliquer dans le cadre d’une chaussure. Sans garantie, ils se sont demandés si un robot pourrait fabriquer une empeigne résistante et ultra légère de la même manière.

Johannes Voelchert a été recruté par la marque pour creuser le sujet. Après quasiment 5 ans de travail, le résultat est là : une chaussure fabriquée presque instantanément, prête à révolutionner le marché des chaussures de sport​. Pas encore commercialisée, elle a déjà été portée par une athlète kényane, Hellen Obiri, qui… a remporté le marathon de Boston en avril 2024 avec ces chaussures ovni aux pieds. Car oui, On a pensé cette paire pour la performance. Côté grand public, il faudra patienter jusqu’en fin d’année (un drop est prévu) mais sans doute plutôt 2025 pour pouvoir s’offrir cette paire. Le temps d’économiser : le prix annoncé sera de 330 euros. Aïe.

La production à la demande, une réalité proche ?

Avec cette méthode de fabrication rapide, la production de chaussures à la demande pourrait devenir une réalité, évitant ainsi les stocks inutilisés et les déchets. Les paires pourraient être personnalisées et fabriquées directement pour le consommateur, ouvrant de nouvelles perspectives dans le monde de la mode et du sport. En effet, comme la chaussure est créée par un robot programmé pour tisser le filament de manière plus ou moins dense. Il s’adapte à la biomécanique du pied et au besoin de soutien et de respirabilité. On pourrait imaginer une personnalisation avec des zones plus stretch et d’autres, au contraire, plus rigides pour une pression moindre sur une partie du pied et un maintien renforcé ailleurs.

Même chose côté couleur. Le robot applique à l’heure actuelle trois couleurs (blanc, un bleu et un rouge) ainsi que les logos noirs de la marque. Demain, un athlète pourrait demander une paire personnalisée et, pourquoi pas à long terme, le grand public pourrait aussi voir sa paire customisée créée sous ses yeux.

Investissement XXL et saut dans l’inconnu pour On

Le défi consiste maintenant à rentabiliser cette démarche. “Nous savons que la chaussure est très rapide, a déclaré Marc Maurer. Nous savons qu’elle est ultra-légère. Ce que nous ne savons pas, c’est si les gens l’aimeront.”

Reste une grande inconnue : le montant de l’investissement consenti par la marque suisse pour ce pari fou. Avec cinq ans de R&D et un robot entièrement créé pour l’occasion, nul doute qu’il est colossal. Ce que Eric Hullegie, responsable de l’Innovation Design chez On, a confirmé à demi-mots : “Chaque fois que vous essayez de repenser fondamentalement une industrie, cela entraîne évidemment des coûts énormes.”

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