Dans les stades 2.0, le foot se vit comme à la maison

Environ 20 000 amateurs de foot seront en Champagne, ce vendredi, pour assister à l’entrée en lice du PSG dans une nouvelle saison de Ligue 1, face à Reims. Pendant ce temps, quelques millions d’autres s’offriront eux aussi le match… devant la télévision. Et pourquoi se déplacer ? Chez lui, le spectateur dispose de tout le confort de visionnage et de toutes les informations qui pourraient l’intéresser – commentaires d’experts, ralentis, statistiques…

Alors, pour inciter les supporters à se déplacer dans les stades, les clubs doivent offrir des services au moins similaires à l’offre télévisée. Le stade 2.0 doit développer l’interactivité en fournissant les informations dont le spectateur d’aujourd’hui a besoin et lui faciliter l’expérience – en simplifiant la logistique par exemple.

Ne rien manquer et ne manquer de rien

La consommation de spectacles sportifs sur mobile est passée de 15 % en 2011 à 23 % en 2013. Les stades se devaient donc de s’adapter à ce nouveau support. Par l’entremise des smartphones, les stades pourront proposer de nombreux services : dématérialiser son billet, connaître les conditions de circulation aux alentours, commander une boisson à la buvette, avant de se faire livrer dans les gradins, avoir accès aux ralentis et aux statistiques facilement depuis les tribunes… Une application pourrait même permettre d’échanger sa place avec d’autres spectateurs grâce à un système de location de sièges en ligne. Développer le Wi-Fi et les applications mobiles permettrait aux stades, et donc aux clubs, de produire des contenus exclusifs pour les fans, comme des interviews d’avant match, des jeux-concours pendant la mi-temps …

Une autre innovation n’a pas encore fait son entrée dans les tribunes mais pourrait révolutionner la dimension immersive du spectacle sportif : l’Alert Shirt permettra au supporter de ressentir les mêmes sensations qu’un joueur durant un match. Connecté en bluetooth via une application iOS ou Android, il récupère les informations du joueur (battements de cœur, impacts, anxiété ou niveau de fatigue) et les convertit en impulsions grâce à un système électronique intégré au textile : 

La France est en retard dans ces domaines, d’autant plus que le cahier des charges de l’Euro 2016 (qui sera organisé en France) ne prévoit rien sur ces sujets. Se connecter sur Facebook ou Twitter demande beaucoup de patience dans nos enceintes, peu équipées de réseaux Wi-Fi. Seul le Stade de France s’est équipé d’un Wi-Fi gratuit. Depuis 2012, il organise d’ailleurs des « livetweet » durant lesquels deux groupes de supporters s’affrontent en commentant les actions. En mai dernier, pour le match amical France – Norvège, la Fédération française de football a lancé une application qui a permis aux 1500 supporters de la « tribune connectée » du Stade de France de jouer en direct via des sondages et des pronostics sur ce qui se passe sur le terrain.

Le stade de Nice, l’Allianz Riviera, est en pointe dans ce domaine. Le club a installé la 4G pour permettre aux spectateurs de communiquer sur les réseaux sociaux. Une application mobile permettra prochainement de commander en ligne à la buvette afin de réduire le temps d’attente sur le site. Le club se projette même un peu plus loin en testant les Google Glass pour une expérience de stade en réalité augmentée : 

Les stades français ont encore du chemin à parcourir avant d’atteindre le niveau d’autres infrastructures européennes et nord-américaines. Surtout que les géants de « l’entertainment » commencent à mettre leur nez dans les rediffusions de rencontres sportives : Microsoft a conclu un accord avec la NFL (ligue professionnelle de football américain)  pour permettre aux détenteurs d’une Xbox d’accéder à de multiples angles de caméra et aux ralentis, mais aussi (et surtout), d’alterner avec le mode jeu en quelques secondes. Un petit Fifa pendant la pub ?

L’occasion de relire notre article sur les supporters-robots dans un stade sud-coréen et celui sur les stades écolos construits pour la Coupe du monde au Brésil

Elisabeth Denys  
Journaliste / We Demain  
@ElissaDen  

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