C’est l’histoire d’un territoire, celui du bassin de Romans-sur-Isère, dans la Drôme, de sa mono-industrie de la chaussure de luxe, d’une longue crise et de fermetures d’usines. Puis d’un sursaut économique.
Le 2 févier 2016, à Romans-sur-Isère, une soirée de brainstorming, baptisée “
Start-Up de Territoire “, réunit plus de 250 personnes, chefs d’entreprises, collectivités, élus locaux, mais aussi chômeurs, retraités, lycéens… Tous sont venus dans un même but : trouver des solutions au chômage local.
Rapidement, des brasseurs font un constat : l’intérêt évident, tant d’un point vue commercial qu’environnemental, de relancer la consigne des bouteilles en verre. L’association Locaverre est créée et initie le projet “Ma bouteille s’appelle revient”. Après de nombreuses rencontres avec des viticulteurs, des distributeurs, des consommateurs et une année d’étude de faisabilité, Locaverre s’apprête à ouvrir, début 2019, sa première unité de lavage (3000 bouteilles / jour). À terme, ses responsables pensent créer 7 à 10 emplois locaux. Depuis, le modèle de création d’entreprise “Start-Up de Territoire” essaime dans toute la France, avec des dizaines d’exemples de ce type.
“L’idée est de regrouper l’ensemble des acteurs locaux pour faire émerger des solutions innovantes et répondre aux problématiques – environnementales, sociales, culturelles… – de ce même territoire“, explique Christophe Chevalier, PDG du groupe Archer – à l’origine du projet.
Né en 1987 de la volonté de lutter contre l’exclusion et le chômage de masse, le Groupe Archer a déjà plusieurs succès à son actif. L’association devenue SAS en 2007 a réussit à raviver l’industrie de la chaussure locale, “
en faisant appel aux savoir-faire de petites entreprises, en les rassemblant au sein d’un même réseau d’activité – depuis peu au sein d’un même lieu, la Cité de la Chaussure – et en les intégrant à notre holding“, poursuit Christophe Chevalier. Le groupe Archer compte aujourd’hui une centaine d’actionnaires locaux. En appliquant cette méthode à d’autres secteurs, 550 emplois à temps plein ont été créés. Archer est devenu l’un des plus gros employeurs de la ville. Mais comme il restait du chômage, le groupe a décidé d’adopter la stratégie “Start-up de territoire.
“Start-Up de Territoire est en réalité un énorme réseau, une dynamique agissant comme un puissant catalyseur d’énergies et de savoir-faire au niveau du territoire”, analyse Clémence Richeux, cheffe du projet “Ma bouteille s’appelle revient”.
Sur son modèle, une dizaine de structures s’apprêtent ou ont déjà lancé leurs activités dans la Drôme. 25 autres projets sont encore en phase de développement, auxquels s’ajoutent tous ceux imaginés lors de la troisième soirée créative de Romans-sur-Isère, le 29 mars 2018, qui a attiré près de 1400 participants. “Les idées qui ont émergé lors de cette troisième édition ont été si nombreuses que pour 2019 nous prévoyons d’organiser un forum des solutions, explique Christophe Chevalier. Y seront présentées les start-up déjà lancées et celles en cours de création. Mais aussi les dizaines de groupes de travail que les visiteurs pourront rejoindre s’ils le veulent”
Côté financement, Start-Up de Territoire et les projets portés mobilisent les ressources locales, subventions, financement participatif, investisseurs, etc. Lauréat de l’appel à manifestation d’intérêt
“Territoire d’innovation de grande ambition”, le Groupe Archer est aussi en mesure d’accompagner financièrement les projets et jeunes structures dans leur développement.
Dès son lancement en 2016, Start-Up de Territoire s’est par ailleurs exportée dans six villes françaises, Bordeaux, Figeac, Grenoble, Lille, Lyon-Le-Saunier et Strasbourg, où des centaines d’acteurs locaux ont développé des idées, groupes de travail et propositions concrètes. Parmi elles, une cantine coopérative et participative à Lille ; un système de mutualisation de matériel entre entreprises, associations et particuliers à Grenoble ; une structure pour booster la permaculture en Alsace, etc.
Des dizaines de solutions pourraient ainsi se concrétiser dans les mois et années à venir, synonymes de créations d’emplois et de territoires redynamisés. Satisfait mais pressé, Christophe Chevalier compte désormais labelliser Start-Up de Territoire pour essaimer la dynamique au cœur de soixante autres territoires d’ici trois ans.