Partager la publication "Dessalement : avec la technologie Seawards, c’est la mer à boire"
Alors que, sur Terre, quelque 2 milliards de personnes dans le monde souffrent d’une pénurie permanente ou très fréquente d’eau potable, le dessalement de l’eau de mer – idée qui a émergé dans les années 60 – apparaît comme une solution particulièrement séduisante. Elle s’est d’ailleurs beaucoup développée ces dernières années. En 2022, l’International Desalination Association dénombrait 22 800 usines dédiées à cette pratique et une production de 110 millions de m3 d’eau douce par jour. un chiffre en nette hausse par rapport à 2018 (18 000 usines et 95 millions de m3 par jour).
Les Bahamas, Singapour ou encore Malte sont totalement dépendants de cette eau de mer rendue douce. Mais le dessalement de l’eau n’est pas sans risques écologiques. En janvier 2019, un rapport de l’ONU a tiré la sonnette d’alarme. Car qui dit dessalement, dit de très grandes quantités de saumure rejetées dans les océans ou les mers. Selon les estimations de l’ONU, ce serait pas moins de 142 millions de m3 de saumure sont déversés dans la nature. Cela a pour conséquence d’élever les niveaux de sel de l’eau à des niveaux potentiellement dangereux. En outre, la technique de dessalement la plus courante (osmose inverse) consomme de grandes quantités d’énergie. La société marseillaise Seawards – auparavant connue sous le nom de Seanergy – veut changer la donne.
La technique d’osmose inverse consiste à pousser l’eau sous haute pression à travers une membrane. Celle-ci retient jusqu’à 95 % des particules de sel et 99 % des impuretés. Les résidus sont rejetés en mer, aux abords de l’usine. Seawards aborde le sujet avec une technologie différente. Elle a breveté un système dit de “cryo-séparation” pour dessaler l’eau de mer sans aucune pollution. Et avec une dépense énergétique bien moindre. Un exemple particulièrement intéressant d’économie légère, où l’activité s’efforce de ne pas être néfaste pour la planète.
Il faut d’abord rappeler que l’eau salée gèle à une température plus basse que l’eau pure. Un avantage dans notre cas de figure : cela permet d’extraire de l’eau potable lors d’un cycle de refroidissement. De cette manière, les cristaux d’eau douce peuvent être séparés et collectés tandis que l’eau salée reste liquide. Concrètement si vous faites geler de l’eau de mer et que vous léchez la glace qui se forme, celle située sur le dessus sera douce tandis que celle en dessous sera salée.
Avec cette technologie, environ 10 % de l’eau de mer congelée est devenue de l’eau potable. Les 90 % sont renvoyés vers la mer où elle va dégeler et se mêler au reste avec un impact bien moindre que de la saumure toxique déversée subitement à un endroit précis. Le brevet de Seawards évite donc d’endommager les écosystèmes locaux. En outre, cette méthode consomme 50 % d’énergie en moins que l’osmose inverse, affirme Seawards.
Sachant qu’en raison du réchauffement climatique, on estime que 3 milliards de personnes seront victimes de stress hydrique dans le monde d’ici 2030, cette technologie fait figure d’espoir.
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