Partager la publication "EcoCrimeMap, une carte interactive pour dénoncer les crimes environnementaux"
Si on vous dit criminalité, vous pensez trafic de drogue, d’arme ou d’êtres humains ? Bien que moins médiatisée, l’exploitation illégale de ressources naturelles constitue pourtant le quatrième secteur de criminalité le plus important dans le monde, selon une étude menée en 2016 par Interpol et le Programme des Nations unies pour l’environnement. Elle génèrerait entre 110 et 281 milliards de dollars de profits illicites chaque année.
Lancée par Géosmine à la fin du mois de novembre, la Eco Crime Map entend bien combattre ces crimes écologiques en permettant à tout à chacun de témoigner ou relayer une information qui nuit à un territoire, des populations ou des espèces animales et végétales.
Comment faire pour envoyer son témoignage ? Le site fournit un formulaire de contact en anglais qui ne nécessite ni de fournir un nom ni une adresse mail. Géosmine utilise ensuite son serveur propre crypté afin de protéger les données.
Protéger les lanceurs d’alerte
Résultat, en l’espace d’un mois, la carte affiche déjà plus de 150 crimes environnementaux. “Nous avons reçu des centaines de messages en provenance d’Amérique centrale, mais aussi de l’Asie du Sud d’Est et de l’Inde”, indique Arthur Paré. En France, des dizaines de citoyens ont contacté la plateforme pour dénoncer du trafic d’animaux ou des décharges illégales.
L’équipe de Géosmine, composée d’avocats en droit pénal international et environnemental et de chercheurs en criminalité environnementale, vérifie ensuite chaque information en la recoupant avec d’autres témoignages reçus, mais aussi avec les nouvelles diffusées par la presse locale ou les réseaux sociaux.
Est aussi prise en compte la législation en vigueur dans le pays où se situe le crime, afin de vérifier si la situation rapportée doit ou non être considérée comme illégale. Arthur Paré insiste pour opérer une distinction entre moralité et criminalité, mettant en garde contre une approche trop occidentalo-centrée du problème.
“Prenez le cas de la pêche des requins au Costa Rica : les pêcheurs chassent un requin qui, selon nos standards, est une espèce protégée, mais que eux considèrent comme une espèce commerciale. Ce que nous voyons comme un crime peut être légal dans un autre pays.“
Lutter contre le crime à la source
Mine précieuse de renseignements pour les défenseurs de l’environnement, l’Eco Crime Map va aussi servir d’outil de recherche. Sa base de données permet en effet de comparer les modes opératoires dénoncés avec ceux d’autres organisations criminelles comme le trafic de drogue.
L’objectif à long terme : “mieux connaître et s’attaquer aux causes profondes et structurelles de la criminalité environnementale”, précise Arthur Paré. Les responsables, souligne-t-il, n’ont parfois d’autres choix que d’exploiter illégalement des ressources naturelles pour vivre.
“Il faut garder à l’esprit qu’un braconnier vit souvent sous la menace. L’emprisonner n’amène comme seul résultat qu’il devra braconner deux fois plus pour rembourser ses dettes et son manque à gagner.”
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