En Allemagne, des voitures électriques “vraiment écologiques”

Mercredi 18 juin 2014 était présentée la loi de transition énergétique au Conseil des ministres par Ségolène Royal. Dans ce projet de loi, la ministre de l’Écologie a fait part de ses attentes concernant la voiture électrique. « Je souhaite que nous puissions faciliter l’accès aux véhicules électriques, qui est encore cher » déclarait la ministre. Le bonus pour l’achat d’un véhicule électrique pourra aller jusqu’à 10 000 euros et « des points de recharges pour les véhicules électriques vont être déployés sur l’ensemble du territoire national ».
 
Mais les véhicules électriques sont-ils vraiment si « écologiques » ? C’est en tout cas la question que pose le Jury de déontologie publicitaire, qui, le 26 juin, a estimé que « la publicité litigieuse fait état du caractère écologique du service promu, sans le moindre élément de relativisation ou de comparaison » à propos de trois modèles d’autopartage, Zoé, Bluely et Autolib. Pour Stéphane Lhomme, directeur de l’Observatoire du Nucléaire, « la voiture électrique ne pollue pas quand elle circule, mais elle pollue avant et après ». Le principal reproche que l’on pourrait adresser à ces voitures électriques serait donc l’utilisation d’énergie nucléaire (à 75%) pour recharger les batteries.

Concilier recharge et énergies renouvelables

Pour éviter cette pollution, Belectric Drive, filiale de l’entreprise allemande Belectric, a développé un savoir-faire unique dans les bornes de recharge pour véhicules électriques associées à l’énergie solaire. Depuis 2009, Belectric Drive profite en effet de la spécialisation de sa maison mère, à savoir la conception et la construction de centrales photovoltaïques au sol, sur toitures, sur ombrières mais aussi sur serres, mises à profit au service de la recharge des véhicules électriques.
 
Si Belectric permet de telles avancées, c’est aussi parce que le réseau de stations de rechargement de voitures électriques outre-Rhin est de plus en plus dense. Certaines stations comme celle du Fraunhofer Institute Center de Stuttgart sont même capables de recharger jusqu’à 30 véhicules en même temps et ce, uniquement avec des énergies renouvelables.
 
L’exemple allemand constitue à coup sûr un modèle, mais la France ne part tout de même pas de zéro. Moins avancée, elle n’en délaisse pourtant pas les enjeux liés aux véhicules électriques. De nombreux projets le montrent, à l’image de celui conçu par Toshiba et ERDF à Lyon. Le fabricant japonais et le distributeur français ont mis au point une technologie intelligente et nécessaire pour recharger les véhicules électriques de façon optimale. Toshiba établit d’abord les plannings de chargement des véhicules électriques, puis ERDF les valide ou non en fonction des contraintes de réseau. Le système peut alors enclencher ou décaler la charge afin de ne pas accroitre les pics de consommation locaux.
 
La France n’est pas indifférente, on le voit, à la question du devenir des modes de déplacement électriques. Pour aller plus loin, elle a cependant intérêt à aller faire un peu de benchmarking outre-Rhin. Une méthode à laquelle a peut-être déjà pensé Ségolène Royal, à en croire les nouveaux objectifs fixés par ses soins : arriver à 15% de déplacements alimentés par un carburant 100% renouvelable d’ici 2030.

Pierre-Emmanuel Bayan
Chef de projet énergie renouvelable

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