En Chine, les deepfakes deviennent des crimes

La Chine vient de frapper un grand coup dans la lutte contre les deepfakes. Le gouvernement a voté une loi pour que leurs créateurs soient considérés comme des criminels, dès janvier prochain. En ligne de mire : internautes et fournisseurs de vidéo/audio en ligne. 
 
La technologie deepfake pourrait “mettre en danger la sécurité nationale, perturber la stabilité sociale, perturber l’ordre social et porter atteinte aux droits et intérêts légitimes des autres”, selon la Cyberspace Administration of China, l’organisme chargé d’appliquer la nouvelle législation. 

Afin d’échapper à toute condamnation, les créateurs de deepfakes devront préciser que leurs contenus ont été créés via une intelligence artificielle et qu’ils rapportent de fausses informations. 

Un recadrage qui intervient alors que l’application chinoise ZAO avait provoqué un tollé en septembre dernier. Une application qui permet de truquer une vidéo pour échanger son visage avec celui d’une star. Son créateur a dû depuis modifier les conditions d’utilisation.
 

Les autorités chinoises suivent l’exemple de la Californie, qui a légiféré en octobre contre les deepfakes. Elle a notamment rendu illégales les publications contenant des altérations de paroles de politiciens, dans les 60 jours avant une élection. A l’approche du scrutin présidentiel, le phénomène inquiète plus largement les Etats-Unis : le congrès américain examine plusieurs projets de loi afin de combattre les fausses informations vidéo.
 
Bien qu’essentielles pour la protection de la vie privée et de la démocratie, les mesures prises en Californie sont vues comme une atteinte à la liberté d’expression par Electronic Frontier Foundation. L’ONG s’inquiète que de simples parodies politiques soient censurées, et mises dans le même panier que des deepfakes plus dangereuses. En Chine, le nouvel arsenal législatif peut aussi être perçu comme une façon d’accentuer encore le contrôle de la population.

Les GAFA, relais et remparts contre les deepfakes

Et les gouvernements ne sont pas les seuls à se mobiliser : les géants du web, premier relais des deepfakes, cherchent à montrer qu’ils n’y sont pas indifférents. Facebook a lancé l’initiative Deepfake Detection Challenge, afin de mieux détecter les vidéos trompeuses. La firme de Marc Zuckerberg a investi 10 millions de dollars dans ce projet, et travaille avec Amazon, Microsoft et le MIT. Se montrant plus timide, Twitter veut simplement “avertir” les utilisateurs de la présence de contenus truqués et non les supprimer. 
 
En France, aucun texte ne mentionne encore les deepfakes mais la législation reste très protectrice du droit à l’image. Les montages réalisés avec les paroles ou la photo d’une personne sans son consentement sont notamment interdits. Il existe aussi une loi relative à la lutte contre la manipulation de l’information, en vigueur depuis décembre 2018. Dans une récente lettre adressée à une élue, le ministère d’État au numérique rappelle que ce texte “s’applique dans l’ensemble de ses dispositions à la lutte contre toutes les fausses informations, y compris celles se fondant sur des “hypertrucages”.

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