Le 29 mars 2014, l’entreprise shangaïenne
WinSun Decoration Design Engineering avait réussi l’exploit de produire 10 maisons de 200 m2 en 24 heures grâce à une nouvelle technique d’impression 3D, pour moins de 4500 euros l’unité. Dix mois plus tard, le 18 janvier 2015, Ma Yi He, président de WinSun vient d’annoncer deux nouveaux records : un immeuble résidentiel de 5 étages, le plus haut bâtiment imprimé au monde ; ainsi qu’une villa imprimée de 1100 m2, la première de son genre, vendue 150 000 euros à une foncière taïwanaise.
Créée il y a 12 ans avec la vocation d’appliquer l’impression 3D à la construction, l’entreprise est aujourd’hui à la tête de 98 brevets. Elle a notamment mis au point une « encre » composée de déchets de construction et de mine, mélangés à du ciment et de la fibre de verre. Un matériau peu coûteux et répondant aux normes sismiques. WinSun a également développé une « imprimante » de 6,6 m de haut et 10 m de large, pour 150 m de long.
« C’est la plus grande imprimante 3D de maison au monde », assure Ma Yi He, affirmant que cette technologie permet d’économiser entre 30 et 60 % de matériaux, pour une construction 50 à 70 % plus rapide. Les coûts salariaux d’un chantier seraient, eux, 50 à 80 % inférieurs à ceux d’une construction traditionnelle. L’entreprise espère aussi limiter les nuisances (bruit, poussière, accidents) inhérentes aux chantiers. Selon son PDG, l’impression 3D est une méthode compacte, propre, rapide et offrant une bonne qualité de construction.
À partir d’un simple fichier 3D (au format CAD), couche par couche, la « tête d’impression » dessine, en zigzags, les parois et la structure des murs. « Nous avons dû inventer nos propres normes de construction » explique le PDG de WinSun. Notamment, un ferraillage métallique plus ou moins dense selon la hauteur du mur où il s’intègre. Seule limite évidente, la machine ne peut imprimer au dessus du vide : impossible pour elle de bâtir un toit ou un balcon. En revanche, elle peut dessiner au sol ces éléments, qui, après séchage, sont assemblés par les ouvriers. Après le passage de l’imprimante, il ne reste plus qu’à rajouter au bâtiment ses portes et fenêtres, à l’isoler et à y installer électricité et plomberie.
WinSun a également annoncé la création de WinSun Global, une « jointventure » concrétisée avec un partenaire américain afin d’assurer son développement à l’international. Durant les trois prochaines années, l’entreprise souhaite en effet implanter des usines dans plus de 20 pays dont l’Arabie Saoudite, les Émirats arabes unis, le Qatar, le Maroc, la Tunisie et les États-Unis. WinSun développe actuellement un matériau à base de sables du désert pour fournir des maisons aux foyers à bas revenus d’Afrique et du Moyen-Orient.
Jean-Jacques Valette
Journaliste We Demain