En Corée du Sud, cloner les animaux de compagnie est un business

« Nous ne nous contentons pas de cloner des chiens. Nous réparons les cœurs brisés », peut-on lire sur le site de Sooam Biotech. Basée à Séoul, l’entreprise propose de ramener à la vie les animaux de compagnies décédés pour 100 000 dollars, environ 75 000 euros. Une promesse un brin survendue…
 
Il n’est d’abord question ici que d’apparence physique. Car, comme chez l’humain, la personnalité d’un animal n’est pas héréditaire et dépend de ses interactions avec l’environnement. « C’est la façon dont vous élevez votre chien qui va affecter sa personnalité », reconnaît Hana Song, vétérinaire et chercheuse au sein de la fondation. Il n’est même pas certain d’obtenir une copie conforme d’un animal décédé. « Il y a un ensemble de modifications dites épigénétiques, qui sont acquises au cours de l’existence, s’impriment dans les gènes, et se transmettent à la descendance », explique Jean Robin, chercheur en génétique à l’Inserm.  « La poignée de millionnaires qui ont fait stocker les cellules de leurs précieux animaux de compagnie vont payer le prix fort pour un animal ne présentant aucune garantie d’être identique », avertit la biologiste anglaise Brona Mac Vittie sur epigenome.eu.

Premier prix : seconde vie
 
Qu’importe, le marché existe. En 2013, quelque 100 chiens ont été clonés par l’entreprise, le plus souvent pour de très riches maitres inconsolables du monde entier. Au point que Sooam lorgne désormais sur l’Europe. Fin décembre se clôturait au Royaume-Uni la « Dog clooning competition  ». Durant un mois, les citoyens britanniques pouvaient porter leur chien candidat à « une seconde vie ». Une lettre racontant la relation avec l’animal défunt et une photo servaient à départager les prétendants. L’heureux élu s’est vu offrir le clonage de son chien par l’entreprise coréenne. « Ce concours n’avait pas pour but de sélectionner le chien le plus digne d’être cloné », précise Sooam sur sa page facebook, « mais de populariser la technologie auprès du public anglais ».

Si l’opération ne semble pas avoir choqué les médias d’Outre-Manche, la Sooam ne compte pas que des amis en Corée. En particulier son fondateur, Hwang Woo-suk. Dès 2005, ce chercheur controversé a réussi le clonage d’un chien, avant de se retrouver mis au ban de la communauté scientifique pour avoir publié des photos truquées de cellules humaines prétendument clonées.

Apprenti sorcier

Mais ce n’est pas tout. Jo Hee-kyung, présidente de l’Association pour la Liberté des Animaux à Séoul, dénonce les traitement infligées par sa société aux canidés : « Il affirme que ses expériences sur des animaux sont de la science, mais tout ce qu’il fait, c’est jouer avec des êtres vivants. Au cours des recherches de la fondation Sooam, de nombreux animaux sont sacrifiés et meurent. »
 
Sooam ne se contente pas de vendre des chiens ressuscités aux particuliers. L’entreprise a aussi signé un contrat avec la police sud-coréenne pour cloner 37 de ses meilleurs chiens policiers. En 2012, elle a même suivi une équipe de chercheurs russes dans une expédition sur les bords de l’Iana, un fleuve du nord de la Sibérie. Objectif : découvrir des échantillons d’ADN de mammouth laineux pour implanter un embryon de l’espèce disparue dans une femelle éléphant. Un Graal que les progrès de la génétique pourraient rendre accessible d’ici quelques années.

Côme Bastin
Journaliste We Demain
Twitter : @Come_Bastin

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