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En Palestine, cette jeune ingénieure reconstruit Gaza avec des parpaings écologiques

Grâce à l’ingéniosité d’une jeune palestinienne, la bande de Gaza pourrait bien renaître de ses cendres. Littéralement. Avec l’aide de sa camarade de classe Rawan Abdulatif, Majd Mashharawi confectionne, depuis août 2014, des briques écologiques à partir de cendres de charbon.
 
L’idée lui est venue face à la pénurie de ciment que connaît la bande de Gaza depuis 2006. Suite à l’arrivée du Hamas au pouvoir, un blocus y est imposé par le gouvernement israélien pour éviter l’entrée d’armes et la construction de tunnels. Depuis, les matériaux de base ne sont que peu ou plus acheminés jusqu’à Gaza.

Pénurie de béton

La situation se dégrade en juillet 2014 lorsque la ville subit des bombardements israéliens lors de l’opération militaire “Bordure protectrice”. En plus du lourd bilan humain, 18 000 maisons sont endommagées et plus de 100 000 personnes se retrouvent à la rue. 

“Encore aujourd’hui, des maisons sont complètement en ruine et leurs propriétaires ne peuvent pas être fournis en matériaux indispensables à la reconstruction. Pendant ma dernière année d’étude en génie civil, je n’arrêtais pas de me demander comment pourrait-on mettre un terme à cette misère ?”

Majd Mashharawi dans Fast Company

Dans ce contexte, la jeune palestinienne décide de se tourner vers des matériaux alternatifs. Quel ingrédient local pourrait remplacer le sable et les gravillons – deux éléments essentiels à la confection du béton – tous deux importés d’Israël ?

La cendre, une solution économique et écologique

La solution : récupérer les cendres issues de la combustion du charbon et du bois utilisés pour la production d’énergie. Chaque semaine, ce ne sont pas moins de six tonnes qui partent en décharge. Majd Mashhrawi va réutiliser ces déchets comme matériau pour les parpaings. Un moyen de remédier à la crise du logement et à l’absence de recyclage dans la bande de Gaza.

Après de nombreux tests de résistance (compression, chute, incendie, humidité…), le Green Cake – c’est ainsi que ce matériau a été baptisé – fonctionne aussi bien que du béton ordinaire. À la seule différence que son coût est 25 % moins élevé et son poids inférieur de moitié à celui des parpaings standards. 

Les briques écologiques de Majd Mashhrawi n’ont plus qu’une seule épreuve à passer : celle du temps. 

“Nous ne pouvons pas encore garantir leur durabilité, nous le pourrons dans dix ans peut-être […] Mais je pense que ce parpaing sera durable, parce que le charbon ne réagit pas chimiquement avec le ciment”

Majd Mashhrawi dans Middle East Eye

Le green cake face à un mur ?

En 2016, grâce à des fonds levés via la start-up Mobaderoon 3, les inventeurs du Green Cake édifient un premier mur pilote avec 1 000 parpaings. Mais pas de quoi aller plus loin dans le développement de l’entreprise, malgré le soutien de l’Université islamique de Gaza et de la municipalité.

Murs construits à partir de parpaings “Green Cake”. Crédit : Majd Mashhrawi

Après avoir échoué de peu, en avril dernier, au concours du forum MIT de Jeddah – doté de 150 00 dollars –, le Green Cake fait aujourd’hui partie des nominés à l’Index Award 2017, le concours international le plus prestigieux en matière de design, organisé au Danemark et dont le but est de trouver des solutions aux problèmes globaux. Verdict le 1er septembre.  

Pendant ce temps, Majd Mashharawi travaille à pérenniser son projet par tous les moyens. La jeune femme se trouve actuellement à Boston, où elle participe au mouvement Our Generation Speaks, dont le but est d’aider de jeunes Palestiniens et Israéliens à lancer leurs start-up. 

“Si on veut vraiment quelque chose, il faut s’en donner les moyens. Au départ, je n’aurais jamais pensé arriver jusque là, réaliser ce rêve et avoir la possibilité de voyager, de rencontrer d’autres personnes et tenter d’obtenir des investissements. Si on y croit, ce n’est pas impossible.”

Majd Mashharawi dans Fast Company

Résolue à améliorer le quotidien des habitants de Gaza, Majd Mashharawi espère par la suite ouvrir une usine et embaucher des centaines de travailleurs. Elle souhaite également développer le concept du Green Cake en Cisjordanie. Et dans le reste du monde ?

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