Face aux pénuries d’énergies, Gaza opte pour le solaire

« Nous souffrons de pannes de courant et, parfois, il nous arrive d’effectuer des chirurgies mineures à la lumière des téléphones portables des médecins », déplorait, début, juin le Dr. Hisham Murtaja, directeur adjoint du Jenine Charitable Hospital, à Gaza. Cet éclairage de fortune sera bientôt de l’histoire ancienne : le praticien est aujourd’hui « très heureux » que son établissement ait été choisi par l’association Sunshine4Palestine pour être équipé de 168 panneaux solaires. Il deviendra le premier établissement complètement indépendant énergétiquement, alors que deux hôpitaux de la Bande de Gaza sont déjà partiellement alimentés par le solaire.

Depuis 2006, le territoire vient régulièrement à manquer d’énergie. Selon le site theecologist.org« le blocus imposé par Israël (…) a eu des conséquences lourdes pour la fourniture d’électricité, l’État hébreux limitant délibérément la quantité d’énergie disponible ». L’AFP rapporte en effet que le fuel israélien n’arrive qu’au compte-gouttes à Gaza. Le trafic de carburant égyptien par les tunnels de contrebande s’est également tari depuis la destitution de Mohammed Morsi, en juillet 2013. Selon l’ONU, cette double diminution entraîne des arrêts prolongés de l’unique centrale électrique, pouvant entraîner jusqu’à 12 heures par jour de coupure.

Afin de fournir l’autonomie énergétique aux établissements qui en ont le plus besoin, Haitham Gharem, ingénieur basé à Gaza, et Barbara Capone, scientifique italienne, ont conjointement imaginé un plan basé sur les énergie renouvelables. Dans une région ensoleillée presque 360 jours par an, l’option du photovoltaïque a logiquement été retenue.

Des économies sur le long terme

L’importance stratégique de l’hôpital dans la région a contribué au choix du Jenine Charitable Hospital : « C’est le seul hôpital qui se trouve dans le quartier Al-Shajaiyeh, peuplé par plus de 250 000 habitants qui sont fréquemment exposés aux violences de la zone frontalière adjacente », explique Haitham Garem. 

En plus de permettre à l’établissement de fonctionner en continu, l’installation, d’une durée de vie de 20 ans, permettra à l’établissement de s’affranchir du réseau. Et par la même, des factures d’électricités. Si l’association Sunshine4Palestine parvient à financer ce chantier, qui fait actuellement l’objet d’un appel aux dons, les panneaux fourniront l’intégralité de l’énergie nécessaire pour faire fonctionner l’hôpital, de jour comme de nuit.

L’équipe doit cependant faire face à un problème de taille. Le blocus israélien pourrait entraver la livraison des matières premières nécessaires au projet : Barbara Capone suggère « d’expédier les matériaux vers un port égyptien avant de les livrer à Gaza ».

Elisabeth Denys
Journaliste web / We Demain
@ElissaDen

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