Partager la publication "Ferme de Carbouey : redonner le pouvoir aux agriculteurs"
Castets-et-Castillon, Gironde, Nouvelle-Aquitaine — Venir avec ses pommes, son raisin, et repartir avec du jus filtré, pasteurisé et mis en bouteille : c’est la bonne idée qui fait mouche ! Ouvert depuis début octobre aux particuliers, le laboratoire de transformation de fruits et légumes de la ferme de Carbouey ne désemplit pas. Conçu au départ par et pour des professionnels dans le but de transformer leurs fruits et légumes en jus, purée – en saison, les tomates deviendront ketchup ! –, le “labo”, comme on dit ici, valide la première étape de la feuille de route de la ferme de Carbouey. L’objectif de cette dernière : devenir “un pôle d’excellence” de l’agroécologie en proposant, sur un même tiers-lieu, transmission de savoirs et expérimentations grandeur nature.
“Un écosystème humain qui génère de l’intelligence collective“, explique Marina Galman, directrice de l’Association agroécologique de Carbouey, qui réunit sur 7 ha de terres partagées agriculteurs, viticulteurs, maraîchers, boulangers, cuisinière, avocat, architecte. Les seize membres de l’association agissent avec l’énergie et la jubilation que leur donnent la conviction et le sentiment d’urgence. “Nous voulons diffuser et transmettre les savoirs agroécologiques mais surtout faire émerger des solutions pour aider les agriculteurs dans cette transition“, poursuit Marina Galman en égrenant les échéances du planning.
Des “couveuses” agricoles à la ferme de Carbouey
Fin 2024, les bâtiments du Centre de formation et de diffusion, un coworking solidaire pouvant accueillir des événements, seront réhabilités. Puis ce sera l’ouverture du restaurant avec, au menu, des produits du cru pour retrouver le lien entre alimentation et agriculture. Très sensible à l’éducation du goût, la cuisinière du labo proposera des formations sur le bien-manger. Mais surtout, fin 2023, les “couveuses” agricoles vont pouvoir démarrer.
“L’idée, c’est de mettre à la disposition de jeunes agriculteurs, des terres qui ont perdu beaucoup de leur fertilité pour qu’ils puissent se tester en étant accompagnés par des “tuteurs” et sécurisés car ils n’ont pas eu à investir, explique Marina Galman. Selon la Chambre d’agriculture de Gironde, il faut investir 75 000 euros pour s’installer sur 1 ha de terres en maraîchage. Nombreux sont ceux qui aimeraient faire leur transition, mais ils ne peuvent pas prendre le risque. Il faudrait que les pouvoirs publics mettent en place une forme d’assurance de transition agroécologique.” Trois candidats devraient s’installer d’ici la fin de l’année.
Faire monter en compétence les agriculteurs
À terme, six agriculteurs pourront se faire la main sur les 4 000 m2 bordés de haies forestières. “Nous voulons être des facilitateurs, affirme Marina. Une récente expertise menée par l’INRA montre que certains freins à la transition écologique sont liés aux organisations et aux matériels conçus pour une production productiviste à l’ancienne.”
Et d’ajouter : “L’objectif de l’association est de faire monter en compétence les agriculteurs pour qu’ils soient maîtres de cette transition et capables de définir ce qu’ils veulent faire chez eux. Redonner le pouvoir aux agriculteurs dans la conception de leur projet et la conduite de leur ferme. La transition agroécologique, ce n’est pas un modèle standard : ça se réfléchit ferme par ferme.” Une transition bien amorcée à Carbouey : “Quand je vois l’énergie qui existe localement, comparée au niveau national, cela me rassure beaucoup !“
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