Games of drones : Bienvenue dans l’univers spectaculaire des technosports

Les participants, munis de casques de réalité virtuelle, pilotent à distance des quadricoptères équipés de caméras et de puissants moteurs électriques, au travers de circuits balisés. Comme dans un jeu vidéo, le pilote est pleinement “immergé” dans la course, voyant ce que voit son drone, volant à plus de 100 km/h.

“Le FPV Racing est un nouveau sport excitant qui combine des drones high-tech et des courses à grande vitesse.” La définition de fpvracing.tv, dans son apparente sobriété, masque une évolution importante : ce nouveau sport mécanique, directement lié aux évolutions technologiques récentes, connaît un essor fulgurant aux quatre coins du monde.

Grâce aux sponsors, la discipline a pris un tour professionnel et se matérialise désormais par des shows à grand spectacle. Une cinquantaine d’événements internationaux ont eu lieu en 2015, de la Californie au Japon, en passant par Chypre ou la France. Et des championnats nationaux ou mondiaux apparaissent.

Fusion du sport et de la technologie

En mars dernier, le World Drone Prix, organisé à Dubaï, était remporté par Luke Bannister, un Britannique de 15 ans (!), récompensé par 250 000 dollars pour sa victoire. DroneWorlds, autoproclamé “Championnat du monde de courses de drones”, se tiendra en octobre 2016 à Hawaï et comprendra six compétitions sur six jours, où s’affronteront des dizaines de pilotes issus d’une trentaine de pays.

Il faudra aussi compter avec la Drone Racing League (DRL), une ligue basée à New York, qui entend être à la course de drones ce que la NFL est au football américain : six événements d’ampleur organisés tout au long de la saison, dans des stades habituellement dévolus aux sports traditionnels, et se clôturant aussi par un “Championnat du monde”.

Le FPV Racing est le premier véritable “technosport”. Il conjugue plusieurs technologies de pointe (drones et réalité virtuelle, impliquant capteurs sophistiqués, batteries optimisées, systèmes de stabilisation, communication sans fil instantanée pour flux vidéo temps réel), requiert de multiples aptitudes (adresse, rapidité, expertise mécanique, intelligence tactique) et établit une parfaite passerelle entre le principe de course mécanique et l’univers des jeux vidéo – tout en offrant un spectacle haut en couleur et riche en action. Pour autant, il ne sera sans doute pas la seule discipline émergeant de la fusion entre sport et technologies avancées.

Des courses singulières sans humains

Intelligence artificielle et robotique aidant, les sports mécaniques classiques devraient eux aussi subir le “techno traitement”. Les voitures autonomes se conduisant elles-mêmes, promises par la plupart des constructeurs pour les années 2020, se prêteront volontiers à des courses singulières, dont les pilotes humains seront parfois exclus.

En début d’année, le Centre de recherche automobile de l’université de Stanford a montré l’efficacité de sa Shelley, une Audi TT de série mais robotisée et bardée de capteurs, capable de s’autopiloter à grande vitesse. Dépassant les 190 km/h sur circuit, le bolide a même pris quelques dixièmes de secondes par tour à un pilote (humain) chevronné.

“Nous pouvons fabriquer des voitures sans chauffeur aussi performantes que les meilleurs pilotes de course”, assurent les ingénieurs. Dont acte. La course automobile sans pilote pourrait devenir la nouvelle vedette des sports mécaniques – dès cette année. La Fédération internationale de l’automobile (FIA) a annoncé l’inclusion d’une future “Roborace” dans la saison 2016-2017 de son championnat de monoplaces électriques Formule E.

Algorithmes et intelligence artificielle

Pilotes de course, passez votre chemin : ces voitures sans volant ni cockpit, dont disposeront une dizaine d’équipes, s’affronteront bien sur les circuits habituels du championnat, mais uniquement “par le biais d’algorithmes informatiques temps réel et de technologies d’intelligence artificielle”.

Et la moto ne sera pas en reste. Fin 2015, Yamaha a présenté son “Motobot”, un robot humanoïde, conçu spécialement pour piloter une superbike de série – sans intervention humaine. Le constructeur assure que son robot pourra un jour “surpasser” le champion du monde de moto Valentino Rossi.

Robots contre robots, robots contre humains, ou humains s’opposant par l’intermédiaire de robots… Toutes les combinaisons de cette nouvelle mixité entre sport et haute technologie seront testées. Certaines avec fracas.

Gladiateurs robotisés

Cette année devrait se dérouler un combat inédit opposant deux robots géants, un MegaBot américain et un Kuratas japonais, pilotés – depuis l’intérieur – par des humains. Ces “méchas”, directement inspirés des machines imaginaires de Matrix Revolutions, Avatar, Pacific Rim ou d’innombrables mangas, pèseront plusieurs tonnes, s’enverront des projectiles en tous genres et pourront s’adonner au corps à corps, à la demande expresse du constructeur japonais.

Ce combat de muscles et d’acier, forcément épique, parviendra-t-il à ringardiser la boxe classique et les arts martiaux mixtes ? Après avoir annoncé une levée de fonds, ses organisateurs y croient. Ils évoquent un avenir riche en combats de super-héros, façon Iron Man, où des gladiateurs robotisés se bondiraient les uns sur les autres.

Le sujet est bien celui de l’augmentation humaine. En 2012, évoquant “des sports à la Robocop”, Wired se demandait déjà ce qu’il adviendra “quand prothèses bioniques et exosquelettes robotiques seront améliorés au point d’être utilisés dans un but athlétique”.

Étendre les capacités humaines

La réponse pourrait venir du Cybathlon, les premiers “Jeux olympiques pour athlètes augmentés”, organisés en octobre prochain en Suisse. Des athlètes handicapés, équipés de prothèses bioniques et autres interfaces cerveau-ordinateur, s’y affronteront dans des compétitions créées sur mesure.

De son côté, la Superhuman Sports Academy entend inclure aux Jeux olympiques de Tokyo de 2020 “de nouvelles disciplines sportives basées sur la technologie, renforçant et étendant les capacités humaines”.

Andy Miah, spécialiste de bioéthique et technologies émergentes à l’université de Salford, imagine la suite :

“Dans cinquante ans, nous pourrions bien ne plus avoir des Jeux olympiques et paralympiques, mais simplement des compétitions où se mesurent des participants quant à leur habilité à utiliser leur corps en synergie avec la technologie.”

Ligue sportive de science-fiction

Le robot MK-2, 5,5 tonnes, est piloté par deux personnes se glissant dans son cockpit. Il affrontera bientôt son homonyme japonais dans un combat rapproché. “Au-delà de ce duel, notre responsabilité est d’établir une future ligue sportive de science-fiction. Préparez-vous pour le prochain sport international…”, annonce MegaBots, son constructeur.

Cyril Fiévet.

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