Partager la publication "Holacratie : ces Biocoop bretonnes ont abandonné la hiérarchie"
De quoi s’agit-il exactement ? Né dans les années 2000 aux Etats-Unis, dans une entreprise d’informatique, l’holacracy est un modèle d’organisation déposé qui fait disparaître la hiérarchie traditionnelle. Chaque salarié a un rôle assigné, plus souple qu’une fiche de poste, et devient responsable de l’organisation de son travail. Les relations de subordination laissent place à la coopération.
Objectif ? Libérer les talents, apaiser les relations humaines, rendre les entreprises agiles. “Dans le modèle pyramidal, les gens ont l’habitude de moins réfléchir. Et il y a un grand gâchis d’énergie ! Avec l’holacratie au contraire, personne n’est subordonné ; l’entreprise est dirigée par sa raison d’être, non par un hiérarque“, explique Bernard Marie Chiquet, fondateur d’iGi Partners, l’agence qui diffuse cette méthodologie – sous licence – et qui a accompagné Scarabée Biocoop dans son changement managérial.
L’holacratie ou la fin de la hierarchie dans l’entreprise
“Ce modèle d’organisation permet de développer le potentiel de créativité des individus, et de redonner de la liberté à chacun”, estime Hugo Mouraret, chargé de marketing au sein de la coopérative. Depuis l’adoption du système, il a observé une libération de la parole chez ses collègues : “Ils ont beaucoup moins d’appréhension à s’exprimer, donc les tensions sont traitées plus rapidement, plus facilement, souvent sans que l’intervention d’un tiers soit nécessaire”.
Aujourd’hui, le réseau coopératif breton est florissant : depuis l’adoption de l’holacratie, ses effectifs ont bondi de 70 à 250 salariés. Coïncidence ? “Je ne saurais dire si c’est imputable à l’holacratie“, avance, prudent, le chargé de marketing. Il est vrai que d’autres entreprises du secteur, telles que Bio c’est bon, connaissent également un fort développement. Mais cette success story bretonne donne du crédit au système.
Une transformation qui prend du temps
Le jeune homme précise qu’il n’accepterait plus de travailler avec une hiérarchie classique. “Sauf si c’est moi le patron, dans ce cas, je choisirais d’instaurer l’holacratie !“, ajoute-t-il dans un sourire. C’est là l’un des paradoxes du système: destiné à mieux partager le pouvoir, sa mise en place et son maintien dépendent… du bon vouloir du chef d’entreprise.
Des esprits chagrins noteront aussi que les salaires, eux, restent inégaux… Mais pour Bernard Marie Chiquet, le passage à l’holacratie a tendance à diminuer les écarts de rémunération.
Et si ce modèle permet d’interroger les failles du modèle entrepreneurial hiérarchisé, encore dominant, il n’est pas du goût de tous. Chez Zappos, le géant californien de la chaussure, son adoption a entraîné le départ de 14% des effectifs de l’entreprise (plus de deux cents personnes). “L’holacratie est une transformation importante, douloureuse, qui prend du temps. Il faut une bonne raison pour la mener,” prévient Bernard Marie Chiquet.