Partager la publication "Impression 3D : le lab de l’oreille ou l’histoire d’une greffe réussie"
Elle a 20 ans et peut désormais dormir sur ses deux – parfaites – oreilles. Une jeune femme américaine, née avec une microtie, c’est-à-dire une malformation congénitale de l’oreille externe, a été greffée il y a peu d’une nouvelle oreille. À priori, rien de très révolutionnaire, si ce n’est que ce greffon a été créé grâce à l’impression 3D et aux propres cellules de la patiente. C’est la société 3DBio Therapeutics qui a réussi ce tour de force. Elle a pu remplacer, courant mars, la malformation par une réplique exacte de son autre oreille.
La firme n’a annoncé que début juin cette première mondiale : un organe imprimé en 3D et greffé sur un corps humain. Avant de rendre public ce tour de force, elle a attendu quelques semaines pour s’assurer qu’il n’y avait pas de complication. Arturo Bonilla est le chirurgien qui a opéré la jeune femme. Il est spécialisé dans la chirurgie pédiatrique de reconstruction auditive. “En tant que médecin qui a traité des milliers d’enfants atteints de microtie à travers le pays et dans le monde, je me réjouis de cette réussite et de ce que cela signifie pour les jeunes patients et leurs familles.”
Des cellules cellules cartilagineuses ajoutées à une “bio-encre”
Les personnes souffrant de microtie naissent sans oreille externe ou avec un appendice partiel (plus petit ou de forme différente). “Beaucoup d’enfants subissent un impact psychologique et/ou social en grandissant sans oreille externe”, a souligné Daniel Cohen, co-fondateur de 3DBio Therapeutics. Jusqu’à présent, la solution retenue par les chirurgiens était souvent de creuser la cage thoracique de l’enfant. Le but était de récupérer du cartilage et de construire une oreille à partir de là.
Désormais, l’impression 3D peut rendre la chose beaucoup plus simple et esthétique. Pour créer la nouvelle oreille, les scientifiques de 3DBio Therapeutics utilisent leur technologie propriétaire prénommée AuriNovo. Ils ont d’abord construit un modèle informatique en trois dimensions, basé sur un scan de l’autre oreille de la jeune femme. Ensuite, ils ont cultivé des cellules vivantes issues de son cartilage. Puis les ont implantées dans une “bio-encre” faite de collagène. L’imprimante 3D a alors utilisé cette encre biologique pour la déposer, couche après couche, sur la forme initiale. C’est ainsi qu’ils ont recréé une oreille. Enfin, une coque biodégradable vient protéger l’implant pendant qu’il génère du cartilage.
Une impression 3D qui ouvre la porte à de nouveaux types de greffe
Le succès de cette nouvelle technologie apporte non seulement beaucoup d’espoir pour les personnes souffrant de microtie mais ouvre aussi la porte à la création de différents types de greffes imprimées en 3D. La FDA (l’Agence fédérale américaine des produits alimentaires et médicamenteux) a validé le processus de fabrication thérapeutique.
Cela inclut un procédé cellulaire exclusif pour développer rapidement les cellules en quantité suffisante. Mais aussi la mise au point d’une encre biologique pour préserver les principales propriétés biologiques. Et d’une machine d’impression 3D d’éléments biologiques qui permet un flux de travail stérile et rapide. Enfin, 3DBio Therapeutics a breveté la technologie Overshell, qui permet d’ajouter un support structurel non permanent aux implants biologiques.