Partager la publication "Le Fourgon : le livreur de lait (et autres boissons) réinventé"
Et si on optait pour une mise au verre ? La start-up lilloise Le Fourgon s’est lancée en avril 2021 dans un défi audacieux : remettre au goût du jour le livreur de lait frais. Au XXIe siècle, il fallait oser. “J’avais envie de travailler sur un projet à impact pour la planète, de changer concrètement les choses en prenant à bras le corps la problématique carbone, explique à WE DEMAIN Charles Christory, cofondateur de Le Fourgon.
Cet ancien patron d’Adictiz, une société spécialisée dans le marketing numérique, s’est lancé avec deux amis, Maxime Tharin et Stéphane Dessein, dans cette aventure après avoir réalisé que sa poubelle se remplissait bien trop vite. “Avec trois enfants, il fallait la vider sans arrêt. Et j’ai réalisé que les boissons y étaient pour beaucoup. Surtout qu’on devait jeter du verre tout neuf…”, se souvient Charles Christory. D’où l’idée de créer Le Fourgon, un service permettant le recours aux bouteilles en verre grâce au réemploi et à la consigne. Et de réduire le poids exorbitant des déchets en France : en moyenne 573 kg par an par personne.
Commande en ligne, livraison le jour même et caisse consignée
“On a voulu recréer la tournée du laitier mais avec une vraie touche digitale et une expérience de livraison de qualité, avec un vrai rapport de proximité”, explique le cofondateur. Concrètement, Le fourgon est présent dans une quinzaine d’agglomérations françaises de grandes ou moyennes dimensions (Lille et de nombreuses villes du Nord-Pas-de-Calais, Nantes, Lyon, Angers, Strasbourg, Grenoble, Rennes…) à l’aide de 13 entrepôts. Et de nouveaux prévus pour ces prochains mois.
L’utilisateur passe commande en ligne. Il peut choisir entre une dizaine de types de boissons différentes (lait, eau, jus, soda, bière, vin, soupes, thé, café…). 70% d’entre elles sont d’origine locale et sur des prix équivalents à ceux pratiqués en supermarché. Au total, Le Fourgon propose plus de 1000 références. Les boissons sont livrées dans des bouteilles en verre et dans une caisse. Le tout est consigné.
Pas d’abonnement mais des projets de diversification pour Le Fourgon
“La livraison gratuite a lieu le jour même, sur un créneau de 2h de votre choix, avec un fourgon électrique et des personnes employées en CDI”, poursuit Charles Christory. Au passage suivant, Le Fourgon dépose la nouvelle commande et récupère caisses et bouteilles vides par la même occasion. Ensuite, la start-up crédite votre cagnotte des consignées récupérées. “Nous fonctionnonns à la commande, sans abonnement. Nous n’avons pas envie que nos clients se sentent un peu ‘piégés’. Surtout que la caisse et les bouteilles consignées incitent à repasser commande”, ajoute-t-il.
La prochaine étape est de sortir des boissons pour proposer une sorte de “vrac” mais toujours dans des emballages en verre. “Nos clients nous demandent de la diversification. Comme du riz ou de la compote par exemple. C’est à l’étude. Nous allons d’abord commencer avec une offre “maison” en proposant de l’huile d’olive, de la lessive, du liquide vaisselle, etc.”
Un impact carbone bien moindre
“Je ne sors plus ma poubelle que toutes les 2-3 semaines et c’est désormais principalement du carton”, souligne le cofondateur. Outre cet avantage, le fait d’utiliser des bouteilles consignées au lieu de bouteilles recyclées permet d’économiser 79 % d’émissions de CO2, 33 % d’eau et 75 % d’énergie. Et 73,6 % du plastique n’est pas recyclé…
En outre, Le Fourgon mise sur le local, dans un rayon de 150 km autour de ses entrepôts dès que c’est possible. “Jusqu’à présent, notre principale difficulté, c’était le lait. Nous nous fournissons chez Inex, un producteur de lait belge. Mais nous venons de trouver une solution en France.”
Le Fourgon a levé 4,5 millions d’euros en 2022 auprès de business angels et a aussi le soutien de banques, dont Bpifrance. La start-up compte quelque 145 employés dont les 2/3 sont des livreurs. L’heure est aujourd’hui à l’expansion et à l’investissement dans de nouveaux entrepôts. “C’est plusieurs centaines de milliers d’euros à chaque fois”, note le cofondateur. En moyenne, chaque nouvelle ouverture devient rentable au bout de 18 à 24 mois. La rentabilité globale est, elle, attendue d’ici 5 ans.
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